On a rencontré Adèle Galey, la co-fondatrice de Ticket For Change, l’activateur de talents pour transformer la société par l’entrepreneuriat et l’intrapreneuriat.
On transforme les gens personnellement avant tout, on les rend entrepreneurs de leur vie au-delà d’entrepreneur “tout court”.
Quel est votre parcours ? Pouvez-vous nous présenter Ticket For Change ?
J’ai eu la chance de bien savoir m’adapter au système éducatif : classe préparatoire littéraire, Grande École de commerce (ESSEC)… et puis une crise existentielle : je ne pouvais pas croire que la maximisation du profit était la seule finalité de l’entreprise !
Heureusement, à l’ESSEC, on trouve la plus ancienne chaire d’entreprenariat social de France, qui m’a permis d’approfondir ma réflexion et de découvrir que l’on pouvait allier “social” et “business”. Je me suis formée en cabinet de conseil en développement durable (Ethicity, aujourd’hui Greenflex). Puis j’ai participé à la création du premier site mondial de contenus médias de solutions (Sparknews), je suis partie en tour du monde 8 mois pour connecter entrepreneurs sociaux et médias (le SparkTour), et j’ai monté au Chili un programme d’entrepreneuriat et de développement personnel à destination des femmes : Athena.
Notre mission c’est de mettre en action celles et ceux qui ont l’envie et le potentiel de changer la société par l’entrepreneuriat, mais ne savent pas par où commencer.
C’est tout ce parcours qui m’a conduite à la rencontre avec mes associés en 2014 et l’envie de créer avec eux Ticket for Change. Notre mission c’est de mettre en action celles et ceux qui ont l’envie et le potentiel de changer la société par l’entrepreneuriat, mais ne savent pas par où commencer.
On développe des programmes de formation et de sensibilisation à l’entrepreneuriat et au leadership positif : pré-incubateur de start-ups sociales, cours en ligne gratuit (MOOC), ateliers, conférences…. Notre spécificité ? On propose des expériences de vie uniques : on transforme les gens personnellement avant tout, on les rend entrepreneurs de leur vie au-delà d’entrepreneur “tout court”.
Pensez-vous que les consciences se réveillent pour résoudre les grands enjeux sociaux et environnementaux de notre temps ?
OUI ! J’en suis persuadée, on le voit tous les jours, au niveau mondial avec des initiatives communes comme la COP21, et en France avec certains candidats à la présidentielle qui intègrent de plus en plus ces enjeux par exemple, et surtout des initiatives citoyennes de plus en plus nombreuses et importantes.
C’est ce levier que nous cherchons à activer avec Ticket for Change : nous sommes convaincus que chaque individu a au moins un talent exceptionnel, dont il peut avoir conscience ou non. S’il active ce talent, il aura le pouvoir d’améliorer le monde à son échelle.
C’est pour confirmer cette intuition que nous avons réalisé en janvier dernier la première grande étude nationale sur le gâchis de talents en France, avec le cabinet spécialisé Occurrence. Et les résultats ont bien confirmé nos intuitions : les Français ont envie d’agir ! En effet, l’étude a montré que 94 Français sur 100 ont envie de contribuer à résoudre des problèmes de société… et seulement 6 n’ont pas envie d’agir. Mais seuls 20 sont déjà en action, principalement dans leur vie personnelle (12) ou par le bénévolat (9). Seulement 6 agissent au quotidien par leur travail, dont 1 par l’entrepreneuriat. Donc sur 100 Français, 74 ont envie d’agir, mais ne le font pas ! Pour nous c’est un réservoir à potentiels extraordinaire, un immense vivier de talents à révéler et c’est pour cela que nous travaillons chaque jour.
94 Français sur 100 ont envie de contribuer à résoudre des problèmes de société… mais seulement 20 sont déjà en action
Pouvez-vous nous présenter quelques initiatives des entrepreneurs que vous avez accompagnés ?
Plus de 400 projets ont émergé de nos programmes en ligne et en réel depuis 2014, et nous en avons accompagné 89 dans la durée. Pour vous en présenter quelques uns :
En 2014 il y a par exemple Félix qui a fondé Vendredi : il propose à des jeunes de passer quatre jours en entreprise et un jour en association. Un dispositif de temps partagé qui contribue à décloisonner les deux univers. Vendredi travaille aujourd’hui avec plus de 30 entreprises partenaires et ils ont reçu 6000 candidatures de stages en 2016.
En 2015 on a accompagné le projet Mamie Régale. C’est une histoire sympa parce que les 2 co-fondatrices, Coline et Kylia, se sont d’abord rencontrées à travers notre MOOC, puis Kylia a décidé de quitter son job en banque pour rejoindre Coline et monter ce beau projet. Mamie Régale c’est une plateforme qui propose à des salariés de se faire livrer de bons petits plats préparés par des retraités isolés. Ça marche très bien dans la région de Toulouse où elles sont basées, et elles se lancent aujourd’hui à la conquête de la France !
Et puis il y a Yuka aussi, co-fondé par Julie et François. Yuka c’est une application qui scanne vos produits et analyse leur impact sur la santé. En un clin d’œil, ça vous permet de déchiffrer les étiquettes, de visualiser les produits qui sont bons et ceux qu’il vaut mieux éviter, et surtout ça vous recommande des alternatives. On les a accompagné en 2016 et ils cartonnent depuis la sortie de leur appli en janvier ! Ils ont été lauréats The Family, sont apparus dans de nombreux médias dont Maddyness et GQ, et ils sont déjà à plus de 30 000 utilisateurs depuis leur lancement sur iOS (sortie sur Android très prochainement).
Et pour découvrir tous les autres projets c’est par ici !
Pouvez-vous nous donner des exemples de retombées positives suite à la mise en place de ces programmes ?
Ce qui est génial c’est qu’on en découvre tous les jours. Encore la semaine dernière une personne de l’équipe était à un événement, et l’une des intervenantes sur scène a déclaré “J’ai lancé mon projet grâce au MOOC Ticket for Change” : c’était autant une nouvelle pour nous que pour le public !
Le MOOC, de par sa dimension numérique, nous a permis de démultiplier notre impact social et de toucher des milliers de personnes… mais le pendant c’est qu’on a beaucoup plus de mal à connaître l’impact que l’on a eu sur chacune d’entre elles. C’est la même chose avec les événements grand public que l’on organise : une personne nous a écrit “Cet événement a laissé des traces profondes en moi.” Ou avec nos contenus médiatiques, une personne nous avait écrit cela en voyant l’une de nos vidéos : ”Vous m’avez donné la motivation de croire au social business, de continuer à vouloir chercher ma voie et de chercher un travail qui pourra lier mes compétences et mes aspirations ! »
Donc ce qui est bien c’est qu’on sait qu’il y a bien des retombées positives ! On sait qu’en prouvant que concilier business et social c’est possible, et qu’en apportant outils et contenus on peut inspirer chacun à utiliser ses talents pour avoir un impact positif sur la société. Maintenant l’enjeu c’est de suivre toutes ces retombées positives. C’est pour ça qu’on a mis au point depuis 3 ans des processus de suivi de notre mesure d’impact de plus en plus poussés, et on va sortir un rapport complet en juin.
On sait qu’en prouvant que concilier business et social c’est possible, et qu’en apportant outils et contenus on peut inspirer chacun à utiliser ses talents pour avoir un impact positif sur la société.
Pouvez-vous nous parler du Parcours Entrepreneur 2017 ? Quelles sont les modalités pour participer ? La mécanique de cet appel à talents ?
On est en effet en plein appel à candidatures pour le Parcours Entrepreneur Ticket for Change 2017 : c’est notre programme d’accélération des tout premiers pas pour approfondir, tester et lancer sa start-up sociale. On recrute notre 4ème promotion de 50 graines d’entrepreneurs du changement pour rejoindre ce programme de 6 mois : ce sont 18 jours de formation en réel (immersions terrains, formations, témoignages inspirants…), dont un Tour à travers la France de 10 jours, et un accompagnement en ligne personnalisé et quotidien tout au long de ces 6 mois (mentoring, communauté, ressources en ligne).
On recherche 50 individus de 16 à 99 ans qui ont une idée pour entreprendre reliant business et sens et ont besoin d’aide pour passer à l’action et lancer leur start-up sociale. Donc on est une sorte de pré-incubateur, on prend les projets qui sont vraiment en émergence, pas besoin d’un business plan ficelé !
Le seul point commun de tous nos entrepreneurs : ils ont une idée de projet pour changer la société et ont la détermination pour la concrétiser.
Et toutes les compétences et profils sont recherchés : c’est justement l’une des forces de notre programme, les participants viennent de partout en France, de toutes formations, milieux sociaux et âges. Le seul point commun de tous nos entrepreneurs : ils ont une idée de projet pour changer la société et ont la détermination pour la concrétiser. Pour postuler c’est simple : jusqu’au 2 avril il suffit d’aller sur la page dédiée sur notre site et de remplir le dossier de candidature. On pré-selectionnera 100 porteurs de projets que l’on rencontrera avant de sélectionner les 50 participants au programme de cette année.
Qu’est-ce que vous préférez dans l’entrepreneuriat ?
Ça bouge tout le temps ! Il parait que je suis un peu une hyperactive donc je crois que c’est ce que je préfère… Je me laisse surprendre en permanence par des rencontres, par les entrepreneurs que l’on accompagne, par nos partenaires, par l’équipe. Il n’y a pas un jour de ma semaine qui ressemble au précédent et ça je pense que c’est une chance incroyable.
Quels sont les trois coins ou adresses que vous recommandez en France ?
Un endroit magique qui nous accueille depuis 2 ans lors du tour Ticket for Change c’est Condom, un ancien couvent dans le Gers. C’est un lieu d’une sérénité assez rare, qui accueille des visiteurs d’une grande diversité : y aller pour se (re)découvrir ou pour se laisser surprendre par des rencontres justement.
Darwin à Bordeaux : je ne sais même pas comment décrire Darwin… un lieu d’expérimentation, un laboratoire, une friche, un skate-park… c’est un lieux assez unique en France qui fait bouillonner les esprits et les énergies pour construire une société meilleure !
Et histoire de ne pas laisser le Nord en reste, je finirais par un endroit qui m’a beaucoup marqué à Lille : la Gare Saint Sauveur, c’est une ancienne gare qui est un peu devenue le centre de la révolution culturelle de la région, ça représente pour moi la capacité d’un territoire à se réinventer, et c’est assez frappant quand on arrive dans ce lieu.
Il n’y a pas un jour de ma semaine qui ressemble au précédent et ça je pense que c’est une chance incroyable.
Que vouliez-vous faire étant petite ?
Je voulais aller sauver les éléphants au Kenya dans une réserve… J’avais même commencé à économiser mon billet d’avion à l’époque, j’avais 350 francs : une fortune ! Donc je voulais déjà sauver le monde d’une certaine façon, j’ai juste redirigé mon attention des éléphants vers les êtres humains.
DÉCOUVREZ TICKET FOR CHANGE !