L’édition 2023 de la Fashion Week de Paris vient de s’achever, et ce rendez-vous incontournable est une bonne occasion de se questionner sur l’industrie de la mode. Est-elle seulement compatible avec les enjeux environnementaux auxquels nous faisons, et ferons de plus en plus, face ? La réponse est pour le moment évidente : c’est un grand non !
Le problème de la production de coton
L’industrie textile est hélas un véritable fléau pour notre planète. En effet, la majorité de nos vêtements sont fabriqués avec du coton, c’est d’ailleurs la matière végétale la plus utilisée dans le monde, toute industrie confondue. On en produit 18 millions de tonnes chaque année ! Problème : la culture du coton est une catastrophe écologique. Elle est d’abord très gourmande en eau. En moyenne, il faut 3000 tonnes pour réaliser juste un t-shirt. Et la culture du coton nécessite également un très grand nombre de pesticides et d’engrais chimiques, qui vont ensuite s’infiltrer dans les nappes phréatiques. Sans parler des conditions de travail souvent scandaleuses des ouvriers dans les champs de coton… Mais ce n’est pas tout. Depuis quelques années, l’utilisation de plus en plus massive du polyester n’est pas venue arranger les choses, loin de là. Cette fibre synthétique dérivée du pétrole libère au lavage des microfibres plastiques, et des produits toxiques utilisés pour les teintures, qui se retrouvent dans les cours d’eau, puis les océans; contaminant ainsi la faune et la flore marines. Le polyester a de plus dépassé son collègue le coton, puisque c’est aujourd’hui la matière la plus utilisée dans l’industrie textile. C’est que… il faut produire encore et toujours plus de vêtements pour contenter le monde entier.
Des modes de consommation à transformer
Enfin, après l’apparition du prêt-à-porter durant la seconde moitié du 20ème siècle, venu remplacer la sympathique couturière de quartier; c’est la fast-fashion qui est venue en rajouter une couche ces dernières années. En pleine explosion, notamment grâce au web, elle propose des vêtements à bas prix de piètre qualité, parfois même concoctés avec des produits dangereux pour la santé, et qui peuvent parcourir des milliers et des milliers de kilomètres avant d’atteindre leurs acheteurs, toujours et toujours plus nombreux… Si on ne change pas nos habitudes et continuons avec cette surconsommation, le secteur textile pourrait représenter 26% des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2050.
Et, quid de la Fashion Week, dans tout ça ? Tous ces défilés, ça en fait des trajets en avion ou voiture pour les acheteurs, les designers, les journalistes, les célébrités, les influenceurs… sans compter le transport des collections, les logements etc. Tout ça ne fait qu’augmenter l’empreinte carbone à l’arrivée. Surtout que, outre le « big four » comme on l’appelle (les fashion week des quatre capitales de la mode : Paris, Milan, New York et Londres), on compte en réalité une bonne centaine de Fashion Week qui se déroule chaque année partout dans le monde, ça en fait des allers-retours ! En ce qui concerne les habits portées par les mannequins sur les podiums, ils sont généralement vendus en boutique au plus tard 6 mois après les défilés. À noter que le cas de la haute couture, appellation juridiquement protégée, est un peu à part. Dans cette industrie, on crée la plupart du temps des pièces uniques, ou en faible quantité, pas ou peu commercialisées, et l’origine des matières de production y est contrôlée de près. Le hic c’est que nous ne sommes pas nombreux à pouvoir nous payer des vêtements de luxe.
Le futur de la mode éthique et durable
Et il y a un autre hic ! C’est que, les vêtements, on aurait bien du mal à s’en passer… Se vêtir n’est certes pas un besoin vital, au même titre que l’eau ou la nourriture, mais cela reste tout de même bien pratique pour ne pas attraper froid ou ne pas se faire arrêter pour exhibitionnisme… Bref ! L’idée n’est pas de ne plus acquérir de vêtements, mais d’acheter moins. Et mieux. De ne pas céder au délire de la fast fashion et de la surconsommation. Il y aurait d’ailleurs plus d’un tiers des vêtements de notre garde-robe que nous ne portons jamais. Et même pour un ou une véritable « fashionista » qui adore changer de look régulièrement et renouveler son dressing, il existe des solutions. La mode éthique peut prendre différentes formes et est accessible à tout le monde. La seconde main est par exemple une bonne alternative, et là-dessus les plateformes de revente et de rachat l’ont bien compris, venant malheureusement encore gonfler les émissions de CO2 des aux transports. Mieux vaut alors privilégier les remises en mains propres ou bien de se rendre dans des magasins spécialisés dans la seconde main, il y en a de plus en plus !
Au niveau environnemental, l’univers de la mode n’est donc pas un bon élève. Comme dans de nombreux domaines, tentons de changer nos habitudes et de redoubler d’efforts pour tendre le plus possible vers une consommation éthique et durable.