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Par Philippine Sander - Le 26 mars 2015

Depuis quelques mois, nous avons de nouveaux voisins. Des voisins très stylés, qui ont beaucoup de goût. Marilyn et Alexis ont monté tout récemment leur marque, Marilyn Feltz, 100% fabriquée en France. Dans leur boutique boudoir, on s’y sent bien. Autour d’un délicieux thé, quelques biscuits et une musique jazzy, ces deux créatifs inspirés nous ont raconté leur histoire.

Dans notre travail, on retrouve des clins d’oeil d’esthétisme très français, allant des années 20 à nos jours.

Pouvez-vous vous présenter ?

M :​ ​Je m’appelle Marilyn, je suis créatrice de cette marque et co-fondatrice avec mon mari Alexis. On vient d’ouvrir notre première boutique à Paris il y a un mois.

A : Je suis co-fondateur de la marque Marilyn Feltz, et aussi l’heureux mari de Marilyn !

M: Je gère tout ce qui est artistique et Alexis tout ce qui est un peu plus carré, administratif, financier.

A : On se rend compte aussi que souvent l’un tranche sur les décisions de l’autre, quand les choix sont trop multiples !

M : On est hyper complémentaires et indispensables l’un à l’autre !

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© Tatiana Gerusova

 

Votre marque existe depuis combien de temps ?

M : La marque existe depuis 6 mois, l’idée du projet est née depuis pile un an.

“J’ai habité 7 ans à Los Angeles, le glamour hollywoodien, les frou-frou, les palmiers et la candeur à la Marilyn Monroe y ont trouvé leur place dans mon coeur.”

Marilyn 

Avez-vous toujours été dans le milieu de la mode ?

A : Non, je suis batteur. Avant j’habitais à Berlin, où j’ai fait de la musique pendant plus de 10 ans. J’étais aussi producteur pour un gros festival, et j’ai mon label.

MJ’étais journaliste correspondante en musique et culture aux Etats-Unis. En parallèle, je créais des fringues, retapais des choses vintage, collectionnais plein de choses en déco, accessoires. C’est quelque chose qu’on a en commun tous les deux : être en permanence à la recherche de trésors !

© Patrick Blanc

Avez-vous eu un déclic en particulier ?

M : Un besoin d’exprimer notre univers ; une patte que je cherchais partout et ne trouvais nulle part ! Quelque chose de fun, féminin, glamour, qui ne se prend pas la tête, avec de vraies jolies matières et un vrai travail d’artisan derrière. Tu peux acheter, consommer plein de vêtements​, sans avoir la sensation de ne jamais toucher à quelque chose de précieux. Je recherchais ça chez les autres depuis des années. On le trouve évidemment en haute couture mais jamais aux prix du prêt-à-porter. Alors on a décidé de le faire !

Quelles sont vos inspirations ?

On travaille avec une dame qui était l’habilleuse de Dalida.

Je pense que nos racines sont notre plus grande influence ! Quelque chose de très abstrait mais très encré dans la culture française : la présence de l’histoire, de l’Art et donc par conséquence de l’élégance ! Dans notre travail, on retrouve des clins d’oeil d’esthétisme très français, allant des années 20 à nos jours. Cependant on ne veut jamais être passéistes !

En y réfléchissant, je pense que notre spécificité à Alexis comme à moi, c’est d’avoir réussi à mélanger et à donner un sens à nos histoires.

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© Tatiana Gerusova

 

J’ai habité 7 ans à Los Angeles, le glamour hollywoodien, les frou-frou, les palmiers et la candeur à la Marilyn Monroe y ont trouvé leur place dans mon coeur. Ensuite Alexis et moi nous sommes rencontrés à Berlin, où nous sommes restés trois ans. Là-bas, la mode et l’élégance n’ont pas vraiment d’importance. Les gens n’y sont pas sensibles aux mêmes choses, certainement à cause du contexte économique local. Berlin est assez pauvre comparée aux autres grandes capitales. La vie n’y est pas chère, beaucoup d’artistes y vont pour se la couler douce et pour ceux qui y travaillent les salaires y sont hyper bas.
On a vraiment un process de création qui est un peu ovni dans le métier, c’est pour ça que nos ateliers et fournisseurs nous soutiennent à fond.
A Berlin, dans la mode on y recycle beaucoup, il y a beaucoup de shops vintage et second hand. On investit dans l’essentiel, et on veut que les choses durent dans le temps. Chacune de nos pièces incarne vraiment ces trois chapitres géographiques de nos vies, et sont pimentées d’histoire, de glamour, d’élégance, elles sont pratiques et anti-éphémères !

C’est le chic à la française !

M : Oui, à Paris on n’est pas trop “m’as tu vu​”​!
On aime la discrétion et on n’aime pas trop le “eye-catching” si on ne se connaît pas. Ici on doit prendre le métro, il y a de la proximité, il faut savoir gérer ça et passer entre les gouttes ! A Los Angeles ou à Berlin tu peux te permettre l’extravagance, voir de réelles fautes de goût, personne ne sera là pour te le faire remarquer ! Tu prends ta voiture et les métros sont vides… Le style c’est très géographique en fin de compte !

Comment se passe la prod ? Tout est fabriqué en France ?

M : Je dessine tout et je choisis mes matières et mes fournitures, boutons, zips… On aime travailler avec des artisans et des tisseurs français, des personnes qui apprennent de père en fils depuis plusieurs générations. T​o​us nos jaquards viennent des pays de la Loir​e​, et nos soie de la région lyonnaise. Ensuite toutes nos pièces sont montées à Paris de A à Z !

Le sourcing n’a pas été trop compliqué ?

M : Il faut avoir du flair et être très débrouillard ! Le milieu de la couture, en particulier à ce niveau, est très fermé et il faut faire ses preuves. Nos fournisseurs n’avaient pas l’habitude de travailler avec des gens comme nous, avec notre langage direct ! Ils nous ont beaucoup testé, nous ont fait aucun cadeau, mais ensuite quand ils ont vu notre démarche éthique et la qualité de notre travail ils ont été conquis, et maintenant ils remueraient des montagnes pour nous !

On aime travailler avec des artisans et des tisseurs français, des personnes qui apprennent de père en fils depuis plusieurs générations.

A : On travaille avec une dame qui était l’habilleuse de Dalida, qui est maintenant à la retraite, et qui nous a fait nos premières

​pièces : jupe crayon, robe de mariée un peu inspiré de Dior et notre robe longue en soie qui s’appelle Marlene comme M. Ditriech​ ​inspirée des années 20 et de la décadence berlinoise. On travaille aussi avec un monsieur qui a 72 ans et des mains en or… Il a travaillé avec les plus grands et il comprend toutes nos influences. Il n’y a pas meilleur que lui pour tout ce qui est détails des années 40 ou 50 !
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© Audrey Krawczyk

 

On a vraiment un process de création qui est un peu ovni dans le métier, c’est pour ça que nos ateliers et fournisseurs nous soutiennent à fond. Ils nous ont dit en 40 ans de métier qu’ils n’ avaient jamais vu ça !

On parle beaucoup du 100% made in France, mais ce n’est pas une appellation contrôlée. En fait si tu rajoutes un zip français sur un jean fabriqué à l’étranger, ça peut passer pour du fabriqué en France. Nous, on est dans la définition stricte du MIF,​ ​on ne peut pas être plus made in France, cela nous tient beaucoup a coeur !

Quelles sont vos matières préférées ?

MOn aime travailler le jaquard, une matière avec des fils un peu métalliques, des brochés, des guipures aussi… Ce sont souvent des matières compliquées à monter, souvent instables, mais le résultat en vaut vraiment la peine !

A Berlin, dans la mode on y recycle beaucoup, il y a beaucoup de shops vintage et second hand. On investit dans l’essentiel, et on veut que les choses durent dans le temps.

D’ou venez-vous ?

​A : ​Je viens du Nord de la France, près de Cambrai. Il y a beaucoup d’ateliers de broderie et de dentelle par là, et j’ai grandi et été à l’école avec les enfants de ces gens. J’ai été témoin de leur désarrois quand les usines et ateliers fermaient les uns après les autres pour être délocalisé… Les parents de mes copains se retrouvaient tour à tour au chômage. Pour ça que c’était évident pour moi de penser au Nord ​quand nous cherchions certaines fournitures et savoir-faire.
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© Audrey Krawczyk
M : Je viens de la Garenne-Colombes près de Paris. J’adore cet endroit ! C’est comme un petit village, tout y est petit et charmant ! La plupart de mes amis parlent de la banlieue comme si c’était un autre continent, n’empêche eux ils viennent tous de province ou de l’étranger ! Ca me fait toujours sourire !!

Quel est votre cible ? Qui rentre dans le magasin ?

M : Au début je pensais que j’allais essentiellement m’adresser à des femmes du même profile que moi : dans la vingtaine ou trentaine, fans de vintage, pas vraiment sensibles aux tendances et qui aiment s’offrir parfois de belles pièces qu’elles garderont longtemps. Et en fait c’est beaucoup plus varié que ça !
Il y a des femmes comme cela, mais aussi des fashion victims qui veulent des “classiques” ultra féminins et glamour qui marchent à tous les coups et qu’elles aménagent ensuite de façon plus “mode”. J’ai aussi une clientèle de dames plus âgées, dans la cinquantaine/soixantaine qui sont très élégantes et coquettes ! On a pas mal de commandes de dames de Monaco, Cannes etc.
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© Eve Saint Ramon
On a aussi toute cette vague de jeunes femmes qui suit l’esthétisme de Dita Von Teese avec un profil très pin-up. Et quelque chose auquel je ne m’attendais pas du tout : le tiers de notre clientèle se compose d’hommes qui viennent pour faire des cadeaux pour leurs femmes ! Je trouve ça génial et flatteur au possible !! Les hommes veulent voir leurs femmes habillées en Marilyn Feltz !! L’objectif ultime pour une créatrice !!!
Merci à nos voisins Marilyn et Alexis pour le bon thé et d’avoir répondu à nos questions !

Marilyn Feltz Boutique,
17 Passage du Bourg l’Abbé,
75002, Paris.

Marilyn et Alexis vous accueillent du mardi au samedi de 13h à 19h30 – 01 40 26 39 48
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