Il salit moins. Il a bousculé la vie des écoliers. Il a fait la guerre au stylo plume. Le fameux bic, stylo à bille qui plus est jetable, c’est l’idée révolutionnaire de Marcel Bich, italien naturalisé français à l’âge de 15 ans. Enfin, c’est une idée à l’origine de Laszlo Biro, un journaliste hongrois qui dessine le tout premier stylo équipé d’une bille en 1938 mais dont la qualité et le prix laissent à désirer. Marcel rachète le brevet et se donne deux objectifs : une meilleure qualité au meilleur prix ! Il a bien réussi son pari puisqu’on a tous déjà tenu entre nos mains ce fameux bic. Et le logo, ce parallélogramme aux bouts arrondis et au fond orange, est reconnaissable entre milliers. C’est la pub qui a fait grimper les ventes ainsi que les illustrations de Raymond Savignac qui incruste, en 1960, un petit personnage sur le côté du logo : l’image du petit écolier avec une bille à la place de la tête. Qu’on les machouille nerveusement, qu’on perde le capuchon ou non, qu’on dévisse son corps hexagonale laissant seulement le côté souple : le Bic nous fait rarement faux bon. Et Marcel aura pensé à tout… Pourquoi ce trou dans le capuchon ? Pour les têtes en l’air qui pourraient l’avaler. Pourquoi peut-on lui faire confiance ? Il peut tracer une ligne de 2 km de long sans nous planter. Pourquoi est-il révolutionnaire ? On peut voir le niveau d’encre, on peut le jeter après usage et il se cale parfaitement dans notre main. Tellement révolutionnaire qu’il est pour Umberto Eco ” l’unique exemple du socialisme réalisé car il annule tout droit à la propriété et toute distinction sociale ». Face au succès, il continue dans la même lignée et sort le fameux briquet, et ensuite le rasoir ! Efficace, abordable, intemporel, que demander de plus ? Il est même exposé de manière permanente au MOMA et au Centre Pompidou. Aujourd’hui, ce stylo bille a été vendu à plus de 100 milliards d’exemplaires depuis les années 50. Chapeau. Philippine S.