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Par Oriane Berthou - Le 13 novembre 2014

La semaine dernière le Prix Goncourt 2014 a été attribué à Lydie Salvayre pour son roman Pas pleurer. Considéré comme la récompense littéraire française la plus ancienne et la plus prestigieuse, le Goncourt n’a cependant pas toujours connu un long fleuve tranquille et cela en partie à cause de ses petits participants rebelles.

Passage en revue des polémiques les plus connues qui ont fait jaser le cercle littéraire parisien et appuyé la réputation (sulfureuse) du prix.

Romain Gary, le petit cachottier

Règle d’or du Goncourt : le prix littéraire ne peut être attribué qu’une seule et unique fois à un écrivain. L’auteur français d’origine polonaise Roman Kacew ne l’a pas entendu de cette oreille et a réussi à l’obtenir à deux reprises grâce à une mystification ingénieuse. Cékiki ? ah oui pardon, vous le connaissez peut-être mieux sous le nom de Romain Gary.

Bref reprenons l’histoire:  il l’obtient une première fois en 1956 sous son nom usuel avec le livre Les racines du ciel, puis sous un nom d’emprunt, Emile Ajar avec La Vie devant soi en 1975. Son neveu devenu son complice, a joué le rôle d’Ajar devant les médias qui n’y ont vu que du feu. Ce n’est qu’à la mort de l’écrivain en 1980 que la supercherie éclatera au grand jour. Malin L’Romain !

Le ratage Céline

Si le Goncourt fait le plus souvent autorité par ses choix, il peut arriver que le comité littéraire soit complètement à côté de la plaque. Ce fut le cas en 1932 où les juges, après une longue concertation, couronnèrent Guy Mazeline pour son roman les Loups à la place de Louis-Ferdinand Céline, son principal concurrent, et son Voyage au bout de la nuit. Si cette dernière œuvre est devenue un classique littéraire, Les Loups et son auteur sont rapidement tombés dans l’oubli.

Céline dénoncera « une affaire entre éditeurs », la presse s’emparera du scandale, les insultes fuseront et des procès pour diffamation éclateront. Mais pour la petite histoire, Céline obtiendra le prix Renaudot quelques jours après. Ouf tout est bien qui finit bien !

Le “parle à ma main” de Julien Gracq

Quand certains rêvent du prix Goncourt, d’autres ont le culot de le refuser. On se souvient de Julien Gracq, qui, alors que son nom est sur toutes les bouches pour le Goncourt de 1951 fait savoir dans une lettre adressée au Figaro qu’il est « non candidat ». En bref, il ne veut pas de récompense car il préfère garder son intégrité face au prix littéraire qui est davantage une affaire de librairies que de littérature (des p’tits sous . . . des p’tits sous . . . rien que des p’tits sous ! ).

Malgré cela, le jury lui accorde le prix, ce que l’écrivain considérera comme un « abus de pouvoir ». Son rejet devenu célèbre inspira sûrement Jean-Paul Sartre qui déclina le Prix Nobel en 1964 (un level culot au-dessus). Bref Gracq, il est cool et rebelle !

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