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Par Philippine Sander - Le 17 octobre 2016

Bien plus efficace que la chanson de Goldman « J’irai au bout de mes rêves » que l’on connaît pourtant tous par coeur, le documentaire Les Pépites nous donne une furieuse envie de tenir notre parole.

S’il y a bien une chose que nous avons retenu : c’est uniquement quand le rêve a touché terre qu’il devient intéressant. Facile de le faire flotter dans une bulle au dessus de son lit ou sur le trajet du bureau : plus compliqué a priori de le matérialiser.

Compliqué ? Justement, pas tant que ça finalement. Et surtout pas pour Marie-France et Christian des Pallières, ce couple incroyable de retraités qui a sauvé 10 000 enfants cambodgiens d’un quotidien atroce. Partant du principe que « s’il n’y a pas de rêves dans la vie, il n’y a pas de vie », Marie-France et Christian sont des slasheurs avant l’heure. Ils ont eu plusieurs rêves, donc plusieurs vies : employé d’IBM slash parents slash chanteurs/comédiens slash fondateurs de l’association Pour Un Sourire d’Enfant slash grand-parents…

Cher lecteur, il n’est jamais trop tard pour prendre vos rêves au sérieux. Le fait de voir qu’à 57 ans « Papy » et « Mamy » comme les enfants qu’ils ont tirés de l’horreur les surnomment, ont pu le faire avec la simple méthode « des petits pas », est rassurant.

La clé ? Un pragmatisme onctueux : choqués par ce qu’ils ont vu, Marie-France et Christian ne réfléchissent pas mille ans avant de passer à l’action, ils foncent. Ils ont donc « simplement » demandé aux intéressés ce dont ils avaient besoin : un repas par jour et aller à l’école. (Note à soi-même : attitude simple mais rare que de demander à une personne que l’on souhaite aider ce dont elle a envie, ou besoin).

Ils ont ensuite « simplement » sillonnés la France pour convaincre leur entourage de donner des fonds. Et ils sont ensuite « simplement » revenus au Cambodge construire un abri, une école, « alors qu’ils n’avaient jamais rien construit de leur vie ». Ils voulaient « simplement » partager leur retraite avec quelques enfants cambodgiens, ils ont sauvé des milliers d’enfants qui trimaient dans une décharge abominable.

C’est cette « simplicité » qui nous a bouleversé car elle est à la portée de tous : c’est parce qu’ils ont l’humilité d’écouter leurs rêves qu’ils ont trouvé l’audace de les réaliser.

Xavier de Lauzanne, le réalisateur, et toute l’équipe derrière le film retranscrivent brillamment leur philosophie de vie généreuse, sans jamais nous donner de leçon de morale, ni nous faire culpabiliser. Au lieu d’en sortir crispé en se demandant « Qu’ai-je fait de ma vie, moi ? », on est plutôt piqué d’une énergie et d’une confiance libératrices : nos rêves ne sont pas des poids car ils sont réalisables.

Très émouvant et absolument pas larmoyant, ce documentaire est surtout lumineux, à l’image de ce couple qui rallume les rêves de tous ceux qui se frottent à eux. On a enfin compris ce que signifiait « aller au bout de ses rêves », formule tellement utilisée à tire larigot qu’elle ne nous faisait même plus réfléchir.

Merci à toute l’équipe du film de nous avoir mis cette aventure devant nos yeux : il va forcément toucher d’une manière ou d’une autre une génération, la nôtre, qui se pose parfois un peu trop de questions.

On va essayer d’arrêter de se moquer de nos rêves. . . et de “simplement” s’y mettre.

Les Pépites, un film de Xavier de Lauzanne. Une co production Aloest Film (François-Hugues de Vaumas, Xavier de Lauzanne) et Bonne Pioche Cinema (Yves Darondeau, Emmanuel Priou, Christophe Lioud)
Au ciné depuis le 5 octobre
Parrainer un enfant via l’association Pour Un Sourire d’Enfant (PSE): de la misère à un métier.