La galerie permanente du Musée national de l’histoire de l’immigration s’est refait une petite beauté et rouvrira enfin ses portes, le 17 juin prochain. Une belle occasion de découvrir (ou redécouvrir) ce lieu passionnant sur une partie Ô combien fondamentale de notre histoire.
Le Musée de l’immigration prend ses quartiers dans le Palais de la Porte Dorée, magnifique bâtiment art déco situé dans le 12ème arrondissement de la capitale et construit en 1931 dans le cadre de l’Exposition coloniale internationale. Sous l’impulsion du plan de relance gouvernemental, le Palais a fait ces derniers mois l’objet d’importants travaux, afin de respecter les nouvelles normes environnementales et d’améliorer ses conditions de conservation et d’accueil.
À l’origine, le Palais abritait le Musée des colonies, qui a changé maintes et maintes fois d’appellations, pour finalement fermer ses portes durant l’année 2003, donnant une bonne partie de sa collection au musée du Quai Branly. C’est en 2007, après, là-aussi, quelques travaux, qu’est créé le Musée national de l’histoire de l’immigration. Dirigé par Constance Rivière, qui a succédé à l’actuel ministre de l’éducation nationale Pap Ndiaye; le lieu a pour mission de mettre en avant l’histoire, les arts et les cultures de l’immigration et ainsi lutter contre les idées reçues et les représentations trop souvent négatives que certains peuvent s’en faire.
Le nouveau parcours permanent s’est donc agrandi, pour atteindre présentement les 1800m2, et ne se découvre plus de manière thématique mais chronologique, grâce à onze dates clés s’étalant sur plus de trois siècles, de 1685 à nos jours. L’occasion de bien se remémorer, si besoin est, que la France est une très vieille terre d’accueil. Déjà sous l’Ancien Régime, les étrangers, appelés « aubains », étaient les bienvenus et pouvaient s’installer sur le territoire comme bon leur semblait, sans se faire traiter de « sans papiers » ! Puisque les papiers d’identité n’existaient tout simplement pas… Ils ne feront leur apparition qu’à la Révolution française. Quoiqu’il en soit, depuis, les flux migratoires n’ont cessé de se diversifier et surtout de s’intensifier, pour devenir (avec les conflits mondiaux, la pauvreté grandissante et le réchauffement climatique), l’un des enjeux majeurs de ce 21ème siècle. Quoi de mieux alors, pour en comprendre les tenants et les aboutissants et y faire face, que de se nourrir du passé ?
C’est donc une véritable réflexion et une plongée dans l’histoire avec un grand « H » qui s’offrent aux visiteurs du Musée de l’immigration. Avec pas moins de 600 items à leur disposition, renouvelés à plus de 80% : des documents d’archives, des photographies, des affiches, des peintures, des sculptures, des vidéos, des parcours de vie et documents administratifs, des créations artistiques contemporaines (on retrouvera le travail, entre autres, de Kader Attia, Mohamed Bourouïssa, Gaëlle Choisne, Claire Fontaine, Kimsoja, Samuel Fosso, Zineb Sedira, Shen Yuan…). Aussi, le Musée a imaginé un parcours plus pédagogique et plus didactique, doté de nouveaux outils de médiations numériques, pour accompagner comme il se doit le jeune public. Et enfin, une toute nouvelle section a fait son apparition, consacrée aux questions migratoires plus contemporaines, pour informer et aider à mieux comprendre l’apport des immigrés en France aujourd’hui, qu’il soit culturel, sociologique ou économique.
Une section plus que bienvenue quand on sait qu’une énième loi asile et immigration agite le débat public actuellement. Porté par Gérald Darmanin, ce nouveau projet de loi, visant à « contrôler l’immigration et améliorer l’intégration », était en effet prévu en séance public au Sénat le 28 mars dernier. S’étant légèrement fait voler la vedette par la controversée réforme des retraites, la loi est reportée et sera finalement « découpée en plusieurs textes », a annoncé Emmanuel Macron lors de son allocution télévisée. Affaire à suivre.
Alors, en attendant le mois de juin pour profiter de tous ces rafraîchissements (et du week-end gratuit les 17 et 18 juin pour fêter la réouverture), on peut profiter de tous les autres événements que propose le Musée : expositions temporaires, conférences, festivals, séances de cinéma ou spectacles, ainsi qu’un petit tour au sublime aquarium tropical, installé lui aussi dans le Palais de la Porté Dorée !
Retrouvez la programmation et toutes les informations du Musée national de l’histoire de l’immigration sur : https://www.histoire-immigration.fr