C’est l’histoire d’un mec très fortiche. Un mec de 32 ans, qui a grandi entre les stands des puces de Clignancourt et les murs graffés de région parisienne. Ce mec c’est celui qui signe JR l’une des Oeuvres les plus importantes de la scène artistique frenchy.
Les yeux dans les yeux
Des paires d’yeux géantes ! Sur des tankers, des toits de tôles ondulées, des ponts, des trains, des murs qui se cassent la gueule . . . Des regards de femme en taille XXL pour qu’on y plante le nôtre et qu’on ne passe pas à côté de leurs histoires. Ce projet c’est Women are Heroes. Des portraits très serrés de femmes au destin chaotique pris à Rio, au Cambodge, au Kenya . . . et placardés aux quatre coins du monde.
Si certains ont grincé sur le sensationnalisme gorgé de bons sentiments du projet, il faut en reconnaître l’ambition et saluer l’effet immédiat, saisissant et hypnotique de ces regards en noir et banc qui en disent long.
Le Monde entier dans son boîtier
Women are Heroes, c’est l’un des big projets de JR. Des projets, il en a des tonnes et tous sont liés par le fil conducteur de son oeuvre, les gens. Tout simplement. Et le talent de JR c’est d’embrasser la masse de ces gens et l’esthétiser en sublimant l’individualité de chacun.
Son truc : des portraits, des portraits et encore des portraits ! Et il n’y a jamais trop de murs à recouvrir pour celui qui effectue un formidable travail de collectionneur. À la manière d’un scientifique acharné qui s’enfonce dans la jungle amazonienne armé d’un filet à papillons pour découvrir et recenser les espèces, JR pèlerine à travers le Monde pour y capter visages et destins.
Au final, un génial état des lieux de l’humanité et un formidable legs artistique et anthropologique aux générations futures qui sauront qui étaient les Terriens du temps de la montée des eaux, des objets connectés et du PSG de Zlatan.
La rue est la plus grande galerie d’art du monde
JR est ado et graffeur, quand en 2000, il trouve un appareil photo Kodak dans une rame de métro parisien. Il y prend vite goût et shoote ses potes à l’oeuvre sur les murs parisiens. Il commence alors à sillonner la “plus grande galerie d’art du monde”, la rue, pour explorer l’art urbain européen. Déjà à l’époque, son move, c’est l’affichage sauvage de ses clichés dans la rue. Petits clichés pour démarrer, il deviendra celui qui, d’intuitions en rencontres, collera de gigantesques portraits de jeunes de banlieue sur les murs de la cité de Montfermeil ou de formidables portraits de Juifs et Palestiniens se faisant face de chaque côté du mur de Jérusalem. Ceux qui ne vont pas au musée ont désormais accès à l’art, juste sous leurs fenêtres.
Aujourd’hui, si JR est un artiste furieusement côté et mondialement reconnu, il n’est pas du genre à jouer les divas. Plutôt insaisissable, caché derrière son chapeau et ses lunettes noires (vestiges de son passé d’artiste de rue pas trop dans la légalité), il est toujours entouré d’une bande avec laquelle il vit et travaille entre Paris et New York. Tel Andy Warhol au sein de The Factory, JR est le chef d’une meute d’artistes et assistants qui le suivent dans la concrétisation de ses délires créatifs. Une manière d’être qui conforte la vision collective et collaborative de son art.
Collaborative quand il photographie l’année dernière plus de 2000 anonymes pour recouvrir et habiter les murs et la coupole du lieu qui abrite les Grands Hommes de notre pays, le Panthéon. Un joli symbole.
Une star mondiale qui déborde de projets toujours plus fous
Tout ce que touche JR est d’or et le kid n’a pas froid aux yeux !
Ses projets récents ? Ni plus ni moins que la création d’un ballet pour le New York Ballet et la réalisation d’un film dont l’une des images montre une danseuse classique sur fond de barres d’immeubles à Montfermeil. Montfermeil, là même où sa vocation d’artiste s’est révélée et là où eurent lieu les terribles émeutes qui ont secoué la France il y a dix ans.
Dans ce film de 30 minutes, les Bosquets, se mêleront séquences de ballet, danse contemporaine, images d’archives des émeutes et images de JR au travail. Ont participé au projet, Woodkid, Pharrel Williams et Cédric Klapisch. Difficile de se projeter sur le résultat final de cette oeuvre mais le talent de tous ces gens suffit à mettre la bave aux lèvres ! Pas de suspense de notre côté, on se jettera dessus dès sa sortie à l’automne prochain !
Ne quittez donc pas des yeux ce talent, suivez-le sur ses réseaux sociaux. Vous ne serez jamais déçus par ce Frenchy qui a le monde dans son objectif et tout le monde dans sa poche. Un Frenchy dont on peut être très fier.
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