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Par Emeric - Le 4 novembre 2014

Nous avons rencontré Yann Davy, créateur de la marque de bonnets Colorblind Apparel

J’ai décidé de profiter de mon énergie et de mes idées pour monter mon propre projet sans attendre que l’on m’en donne un.

Quand et comment le projet Colorblind Apparel a débuté ?

J’ai commencé à travailler sur ce projet fin 2011, à la suite de quelques difficultés à trouver un emploi dans le milieu diplomatique et/ou des organisations internationales. Ces domaines étaient censés être une voie logique pour moi suite à mes études de droit public international effectuées aux Pays-Bas et un passage très positif d’un an à l’ambassade de France à La Haye.

Après un départ avorté pour l’ONU à New York et 6 mois infructueux de recherche d’un job, j’ai décidé de profiter de mon énergie et de mes idées pour monter mon propre projet sans attendre que l’on m’en donne un. Dans le fond, j’ai toujours ressenti cette volonté d’indépendance et je savais qu’un jour je lancerai ma propre affaire. On m’a dit de tenter L’ENA ou de passer les concours du Quai d‘Orsay mais j’avais envie de concret, d’aventure et non pas de retourner étudier pour passer des concours pour lesquels je n’étais pas formaté.

Mes bonnets Miki sont entièrement fabriqués en France, en Bretagne.

J’ai donc tout « plaqué » pour créer mon propre job et retourner à une de mes premières passions, l’art. Je voulais quelque chose qui me permettrait de travailler avec des artistes situés partout dans le monde afin de maintenir un lien avec l’étranger. J’ai donc pensé créer une marque de streetwear, afin d’imprimer des œuvres d’arts sur des vêtements. Cela me permettrait de promouvoir des artistes, et ainsi vulgariser et rendre accessible leur travail tout en ayant le côté business. Le textile était donc plus un support qu’une passion à la base. Pendant 14 mois environ, j’ai travaillé la journée en intérim et encore le soir et les weekends sur la création du concept et de la marque jusqu’à son lancement officiel au printemps 2013.

Où faites-vous fabriquer vos bonnets ?

Mes bonnets Miki sont entièrement fabriqués en France, en Bretagne. Les vignettes internes et les écussons proviennent d’un petit atelier situé à Fougères, et les bonnets sont tricotés dans une usine basée à Rohan, dans le Morbihan. C’est donc du véritable 100% « fabriqué en France ».

J’ai souhaité créer un bonnet haut de gamme, urbain, bien coupé, agréable, modulable, intemporel et pas trop cher si possible. Le Miki breton m’a semblé être la meilleure inspiration possible, car l’idée était de pouvoir maintenir son bonnet sur la tête en permanence en ayant la possibilité de retrousser les bords une seconde fois par temps plus doux et ainsi réguler sa température tout en jouant sur l’esthétique du « Miki-court ».

Le bonnet devient ainsi un accessoire de mode alors qu’il est souvent catégorisé comme objet plutôt moche, épais, avec des couleurs fluos et que l’on écrase sur sa tête lorsque l’on part en vacances au ski . . . Ici, l’idée était d’en porter un en ville, qui pourrait s’adapter aux changements de conditions climatiques tout en restant esthétique à porter.

Il faut rester modeste mais avoir de l’ambition, c’est un critère indispensable lorsque l’on crée une entreprise.

C’est là que la laine mérinos est intervenue, grâce à ses incroyables qualités en matière de confort et de régulation thermique. Cette laine est d’ailleurs souvent utilisée dans la fabrication de vêtements techniques haut de gamme. J’ai au final repris une coupe inspirée du Miki en y ajoutant des coloris plus variés et adaptés à la mode urbaine. Il y a donc le côté utile du bonnet avec l’esthétique en plus !

Pourquoi avez-vous fait le choix de fabriquer en France ?

Il y a un amalgame bien triste fait à ce sujet en ce moment en France qui veut que si on achète français on est parfois qualifié de chauvin. Or, de mon point de vue, la question n’est pas seulement économique mais surtout pratique. Il y a une logique simple et implacable au « fabriqué en France » malgré l’argument récurent du coût de production :

– l’utilisation d’un savoir-faire souvent unique

– la proximité offre un meilleur contrôle de la production et permet d’obtenir un produit personnalisé dans ses moindres détails

– la réduction des distances et des coûts de transports avec une conséquence directe pour l’environnement

– le maintien d’une industrie et des emplois en France

Le but est de collaborer avec des artistes sélectionnés avec soin afin de créer des motifs uniques et originaux que l’on imprime ensuite sur des vêtements.

On ne peut pas tous être ingénieurs chez Airbus. Il me semblait aussi tout à fait logique de fabriquer en Bretagne un bonnet inspiré du Miki des marins bretons. Pour des bérets, je serais allé voir des basques ! Je pars aussi du principe que l’on peut être solidaire de n’importe qui dans le monde, c’est humain ! Mais on l’est plus généralement avec quelqu’un de proche géographiquement car on peut voir l’impact direct de nos actes envers cette personne. L’achat de mes bonnets, c’est non seulement l’achat d’un produit de grande qualité, mais aussi un geste éthique et solidaire efficace car il donne du travail à quelqu’un que vous pouvez croiser dans la rue.

On sait aussi que les salariés en France ont des droits sociaux et travaillent dans de bonnes conditions, dans des usines qui ne s’effondrent pas sur leurs têtes par exemple… Vous payez donc un certain prix mais vous savez pourquoi ! C’est très important et il faut garder ça à l’esprit. L’usine de Rohan avec qui j’ai travaillé pour concevoir ces bonnets en est le parfait exemple. Elle s’est retrouvée en liquidation judiciaire, mais a finalement été relancée par 4 de ses anciens salariés. Preuve que la passion, la volonté et l’abnégation restent souvent la clé dans les affaires, il n’y a pas que l’argent même si on ne peut pas faire sans.

Je vais d’ailleurs rapatrier à ce titre le reste de ma production au Portugal dans les prochaines semaines après avoir trouvé les usines que je cherchais. Les impressions sont effectuées en France depuis le début. Par souci de transparence, mes premières collections étaient en coton bio et/ou issu du commerce équitable indien et turque donc l’éthique a toujours fait partie intégrante de ce projet, et ceci malgré les moyens financiers microscopiques de mon entreprise.

Pouvez-vous nous en dire plus sur Colorblind, le concept ?

Colorblind Apparel est un petit label de streetwear lancé à Toulouse au printemps 2013. Le but étant de collaborer avec des artistes sélectionnés avec soin afin de créer des motifs uniques et originaux que l’on imprime ensuite sur des vêtements. L’idée de base n’est donc pas révolutionnaire, mais je tente d’orienter la marque vers l’art abstrait, la photo et des choses assez épurées. Une autre spécificité consiste à rester proche des artistes avec qui je travaille. Je les rencontre personnellement, et je fais une interview que je publie sur le blog du site afin de promouvoir leur travail.

Il y a quelque chose qui me frappe dans le domaine du prêt à porter en général, on achète car cela nous plait mais sans savoir qui est derrière tout cela. C’est dommage, car je pense que l’on peut non seulement porter un beau vêtement, mais aussi en profiter pour savoir qui l’a fabriqué et pourquoi de telle façon. Cela permet de rapprocher l’acheteur du créateur, et ainsi de s’approprier encore plus le vêtement.

Enfin, les critères de fabrication éthique avec des cotons bio et des produits issus du commerce équitable font partie intégrante du concept comme indiqué précédemment. Je tente autant que possible d’avoir une approche globale et réfléchie pour la fabrication de mes créations. Cela vient certainement du fait qu’à la base, le milieu de la mode ne me passionnait pas plus que ça, j’ai donc certainement cherché à personnaliser mon approche pour la rendre plus humaine et plus attractive à mes yeux et aux yeux des autres.

Le terme « colorblind » en anglais signifie « daltonien », mais une seconde interprétation est possible. En effet, lorsque l’on est « colorblind », cela veut dire que l’on ne discrimine pas les gens en fonction de leur couleur de peau. Ça collait ainsi parfaitement avec mon souhait de créer une marque éthique, urbaine et multiculturelle. Le but n’est toutefois pas de plaire à tout le monde, c’est impossible, mais de faire quelque chose que j’aime et que d’autres personnes pourraient adhérer.

Quelles sont vos perspectives d’évolution ?

Je souhaite étoffer et varier ma gamme de vêtements. Je travaille depuis plusieurs mois sur des « all-over », des vêtements imprimés sur la totalité de leur surface. Ce sera pour des sweats et des t-shirts pour commencer. J’ai même posé des idées pour une coupe de chemise, mais je cherche quelqu’un pour m’aider à ce niveau-là car je n’ai pas l’expertise requise.

On achète car cela nous plait mais sans savoir qui est derrière tout cela.

Une chemise c’est très complexe, c’est de l’art quelque part. Je vais aussi commencer à chercher quelques idées de pulls à faire tricoter par mon usine bretonne. Un rêve serait aussi de faire des sneakers, des pantalons et d’ouvrir mon propre concept store ! Je veux créer un vrai label avec une gamme capable de vous habiller pourquoi pas de la tête aux pieds. Je fais cependant les choses par étapes car je suis seul à bord pour l’instant. Il faut rester modeste mais avoir de l’ambition, c’est un critère indispensable lorsque l’on crée une entreprise. Pour l’instant, le challenge reste énorme et la route est encore longue…

Quel plat français préférez-vous ?

A la base c’était les huîtres ! J’en mangeais déjà une bonne douzaine dès l’âge de 5 ou 6 ans… Les weekends passés sur le bassin d’Arcachon quand j’étais petit n’y sont certainement pas pour rien. Mais je suis devenu intolérant à ces petites bêtes et il m’est devenu impossible d’en manger sous peine de passer un très mauvais moment.

Petit, je demandais souvent à ma grand-mère des tomates farcies, un plat qu’elle maitrisait à merveille, donc ça pourrait être ça aussi. La question est difficile car en fait je mange de tout avec plaisir. Cela va des fruits de mer (sans les huîtres…) au steak tartare, en passant par la fondue savoyarde… Mais je dois avouer que du pain, du vin et un plateau de fromage, c’est difficile à battre quand on veut faire simple et délicieux même si ce n’est pas un plat à proprement parlé… Donc au final vous l’avez compris, je n’ai pas de plat préféré, j’aime varier les plaisirs !

Le mot de la fin pour les Petits Frenchies ?

Ça me fait très plaisir de voir que d’autres personnes s’intéressent à mon projet avec pour point commun la passion et l’amour des choses bien faites. J’aime beaucoup l’idée de sites « participatifs » et de projets mis en communs ou les gens peuvent présenter et vendre leurs créations, faire avancer leurs idées et pourquoi pas bosser ensemble plus tard. J’ai remarqué d’autres marques très sympas sur votre site web. Donc merci aux Petits Frenchies de promouvoir mon label et mes jolis bonnets français ! J’espère avoir d’autres produits à présenter ici un jour.

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