Nous avons rencontré Mathilde de Cessole, jeune-fille pétillante et passionnée ! Amoureuse de bouquins depuis toujours (mais pas rat de bibliothèque pour autant !), elle a tout récemment décidé de lancer son blog littéraire, le Bookinist. Le concept ? Redonner envie de bouquiner et partager ses derniers coups de coeur avec sa communauté. On salue son initiative, car nous sommes toujours à la recherche d’un bon livre à dévorer ou à offrir.
Je ne considère pas du tout le Bookinist comme un blog de critique, c’est vraiment du conseil de lecture comme à un ami.
Qui se cache derrière le Bookinist ?
Mathilde de Cessole, 26 ans « bookaddict » et éditrice de formation. Je viens de lancer un blog littéraire jeune et moderne, le Bookinist, qui propose des conseils et des idées de lecture.
Est-ce que tu as toujours aimé lire ?
La lecture a toujours été une passion, beaucoup plus que l’écriture. Toute petite, je claironnais que je voulais travailler dans l’édition, ce qui désespérait mon père : il y à 20 ans il s’inquiétait déjà de la situation de crise du livre. Ca ne s’est pas amélioré depuis ! (rires)
Les médias parlent en général toujours des mêmes livres, donc tout le monde lit la même chose !
Peux-tu nous raconter ton parcours académique ?
Assez classique : un bac littéraire, une hypokhâgne catastrophique, une arrivée à la Sorbonne en Lettres Modernes que je voyais un peu comme le nouvel Eden, un endroit où les études allaient devenir un plaisir : de la littérature et uniquement de la littérature.
Tu savais donc que tu voulais travailler dans l’édition ?
Le problème c’est que je ne me suis jamais vue faire autre chose ! J’ai commencé à faire des stages dès la deuxième année de fac. J’ai commencé par une petite maison d’édition indépendante puis j’ai enchaîné dans de plus grandes. J’ai suivi le master pro d’édition de la Sorbonne, obtenu mon premier job et connu les nombreuses galères du milieu.
Qu’est ce que le métier d’éditeur exactement ?
C’est avant tout et surtout un métier de lecteur forcené : il s’agit de trouver des livres qui vous touchent d’abord déjà vous, et qui sont susceptibles de rencontrer leur public. Mais il faut savoir qu’une maison d’édition renommée reçoit presque une centaine de manuscrits par jour et que le travail peut parfois être ingrat, jusqu’à ce qu’on trouve la perle rare.
Un conseil à donner à des jeunes écrivains ?
Ce que j’ai pu remarquer : quand un livre commence à buzzer, vous pouvez être sûr que l’éditeur recevra dans les mois qui suivent trois cent manuscrits de variantes autour du même thème. Je peux vous dire pour l’avoir vécu, qu’après le succès des Cinquante nuances de Grey, le bureau des manuscrits de Lattès croulait sous les guides sado maso et les mauvais romans « eroticotrash » (rires) ! Donc un conseil, soyez original et ne vous fiez pas aux tendances ! Ce n’est pas parce qu’un roman a marché que l’éditeur en republiera dix variantes.
Comment l’idée du Bookinist t’est venue ?
Ce n’est pas une idée personnelle, c’est l’œuvre de mon entourage qui à force de persuasion, a réussi à me convaincre qu’un blog qui rassemblerait mes conseils de lecture rendrait service à tout le monde (enfin à eux en tout cas !)
Le problème est que le livre est cher, et je sais qu’autour de moi mes amis n’ont pas envie de se planter quand ils déboursent 25 euros.
Et puis je suis partie d’un constat très simple : le livre est en perte de vitesse et les gens ont de moins en moins de temps à lui accorder. Quand par miracle ils en trouvent un peu, il y a un premier problème qui se pose : qu’est-ce que je vais lire ? Je me suis aperçue que ma génération (25-30 ans) ne lisait pas les médias traditionnels littéraires, et ne savait pas où se diriger pour trouver des idées de lecture. La surproduction littéraire avec 70.000 publications par an fait que personne ne s’y retrouve !
Il y a un grand paradoxe : on prophétise la mort du livre tous les jours mais le livre est aujourd’hui le produit culturel le plus vendu à Noël et le salon du livre attire chaque année plus de visiteurs ! Il a donc bien la cote, il faut juste éviter le plus possible qu’un lecteur soit déçu par un livre.
Et les médias parlent toujours des mêmes livres, donc tout le monde lit la même chose !
Le deuxième problème est que le livre est cher, et je sais qu’autour de moi que mes amis n’ont pas envie de se planter quand ils déboursent 25 euros.
Le bouquiniste est quelqu’un qui revend des vieux livres, eh bien moi je veux que le Bookinist soit celui qui dépoussière les livres !
Donc l’idée était de créer quelque chose sur internet qui puisse leur donner envie, grâce à une interface moderne et très épurée, des recommandations franches sur de bons romans, le tout sur un ton jeune et sympa. Je ne considère pas du tout le Bookinist comme un blog de critique, c’est vraiment du conseil de lecture comme à un ami. Il n’y a pas de critique assassine, je ne chronique absolument que les livres que j’aime et que j’ai envie de faire découvrir.
Ça a été difficile de se lancer. Sachant qu’au départ, je n’écris pas et je suis une simple lectrice : je l’ai un peu vécu comme un déshabillage public !
Pourquoi le “Bookinist” ?
Je voulais quelque chose de moderne. Après un état des lieux de la blogosphère littéraire, ce qui ressortait était souvent « La bibliothèque de mimi », « Nathalie adore lire ». . . “Le Bookinist”, c’était neutre et susceptible de parler à tout le monde. Et puis je trouve que « bouquiniste » est un très joli mot, mais appeler mon blog le bouquiniste à la française avec un QU, ce n’était pas très moderne ! Le bouquiniste est quelqu’un qui revend des vieux livres, eh bien moi je veux que le Bookinist soit celui qui dépoussière les livres (rires).
Ça a été difficile de te lancer ?
Oui, très. Sachant qu’au départ, je n’écris pas et je suis une simple lectrice : je l’ai un peu vécu comme un déshabillage public ! Et c’est difficile de donner envie de lire à une génération de l’instant : la lecture engage nécessairement un processus de concentration et de temps. Mais avec l’overdose quotidienne d’écrans le livre fait du bien, il calme l’esprit et les nerfs.
Un bon livre c’est celui qu’on ne retrouvera pas dans votre bibliothèque, puisque vous l’aurez tant et tant prêté que vous ne savez plus chez qui il se trouve !
Qu’est-ce qu’on bon livre selon toi ?
Un bon livre, c’est celui qui ne va pas servir de déco dans votre salon. A priori c’est même celui qu’on ne retrouvera pas dans votre bibliothèque, puisque vous l’aurez tant et tant prêté que vous ne savez plus chez qui il se trouve : c’est donc celui que vous allez racheter, pour vous et pour l’offrir.
Tu es plutôt papier ou tablette ?
Les deux et je suis une défenseuse farouche de la lecture numérique ! J’en ai assez des lamentations sur l’odeur perdue du papier que provoque la croissance numérique : la différence est dans le contenu pas dans contenant ! On achète un livre pour le texte d’après moi. La vieille école s’assied en boudant sur ses piles de vieux livres et refuse d’aller de l’avant. Mais l’un ne fera pas disparaître l’autre : ça ne peut que démocratiser les prix encore plus.
Un auteur fétiche ?
Stendhal, mon inspiration. Pour l’Italie, son amour de l’humanité et du beau. On se sent vivre quand on lit Stendhal !
La lecture se partage comme un secret précieux qu’on chuchote à l’oreille de ses proches, mais c’est aussi un secret bien gardé.
Quels sont les projets du Bookinist ?
Je souhaite sincèrement rendre l’univers du livre plus sexy. Pour cela, je commence tout juste à me lancer dans les infographies, comment parler d’un livre sans l’avoir lu,. . . J’ai plein d’idées ! Il est simplement plus compliqué de tout mettre en place graphiquement, je m’improviste graphiste, web développeur…et ce n’est pas toujours évident !
Un exclu à nous souffler ?
Je sais que l’équipe des Petits Frenchies aime prendre l’apéro, donc je vous le confie : bientôt sortira une infographie sur “Dis moi ce que tu bois, je te dirai ce que tu lis”.
Une lecture à conseiller ?
Le Royaume de Carrère, pour moi le livre qu’il faut avoir lu en 2014. Et dernièrement, Berezina de Sylvain Tesson.
Un coin en France à nous faire découvrir ?
Saint-Jean Cap Ferrat et Nice, ma ville de cœur que je ne trouve pas appréciée à sa juste valeur !
Si le Bookinist était un fromage ? Un vin ?
Un vieux comté bien affiné avec ses cristaux. Pour le vin, du bourgogne, un chassagne-montrachet !
Mathilde, toute petite Frenchie, entre deux chapitres.
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