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Par Joséphine Ranson - Le 1 septembre 2015

Tout plaquer et ouvrir un bar à Pigalle ? Julien l’a fait. En ouvrant le Pile ou Face, ce petit Frenchy décide de changer radicalement de vie. Et ça lui a tellement plu qu’il récidive ! Ce soir, il inaugure son deuxième bar parisien, le Mini Pong, et pour l’occasion on est allé lui poser quelques questions.

Le Mini Pong Bar ouvre ses portes ce soir, dans un ancien bar à filles de Pigalle, dans le 9e arrondissement de Paris. Ambiance intimiste, déco rétro et table de Ping Pong, Julien nous en dit un peu plus sur le nouveau défi qu’il s’est lancé !

L’optique de créer mon petit commerce, de revenir à quelque chose de concret m’a vraiment plu.

D’où viens-tu ?

J’ai 34 ans, je suis passé par Dauphine et je me suis lancé dans la musique. J’ai travaillé dix ans chez EMI où j’ai fini responsable marketing. Je m’occupais d’un petit label qui regroupait des artistes avec lesquels j’avais travaillé avant en tant que chef de projet : Raphael, Lily Allen, Peter Doherty, Keren Ann, Mademoiselle K, Revolver. . .

Ça change et c’est ça, un bar : c’est créer un prétexte pour rencontrer du monde.

Tu avais l’air d’aimer, pourquoi es-tu parti ?

Ca se passait en effet très bien, j’ai adoré ces années là. Mais le milieu a beaucoup évolué et donc le travail aussi. Il n’y a plus beaucoup d’argent dans la musique, le streaming n’a pas remplacé les disques. . . Aujourd’hui, la mission principale est donc d’aller chercher de l’argent alors que, quand j’ai commencé, je m’occupais vraiment des sorties d’album, je travaillais vraiment avec les artistes, c’était amusant.
Quand je suis rentré dans ce milieu, je me disais que la chute du disque allait durer 5 ans mais en fait ça fait 15 ans et il y a peu d’amélioration.

On a gardé les détails kitsch, les clignotants, le rouge, le velours, la moquette au mur, les paillettes au plafond.

C’est là que l’idée d’ouvrir un bar est née. . .

Oui. Mon frère a des hôtels à Chamonix et un copain d’enfance a commencé à ouvrir quelques bars à Paris. Il a commencé par des bars à Oberkampf, puis le Dirty Dick à Pigalle, le Moonshiner à Bastille, qui est super. Ça m’a donné des idées.

Je ne me suis jamais dit que j’aurais mon bar un jour, ce n’était pas un rêve que j’avais plus jeune. Mais l’optique de créer son petit commerce, de revenir à quelque chose de concret m’a vraiment plu. Dans la musique, ça devenait trop digital pour moi. Aujourd’hui, je sais ce que je vends, je connais mes clients, je vois quand ils sont contents ou pas contents : ils me le disent.

On veut proposer des cocktails de qualité, avec des produits bien frais, tout en restant honnête sur le prix.

Tu t’es lancé tout seul ?

Non, on est trois associés : mon frère et Cyril, un copain photo-journaliste. C’est compliqué de passer d’une grosse boite à un truc à toi, à nous. Du coup, c’est bien de le faire à plusieurs, d’avoir des proches en back up, du soutien.

L’ambiance a pris tout de suite, les gens s’amusent.

Tu as mis longtemps à avoir le déclic, à faire le grand saut ?

Je suis parti au moment de la fusion EMI/Warner, dans le cadre d’un plan social. Un plan social prend du temps donc j’ai bien pu réfléchir, anticiper, assurer mes arrières financièrement. Ce qui prend un peu de temps, c’est de trouver le premier lieu. Entre le moment où je me suis dit que je me lançais et celui où j’ai trouvé le bar, il s’est passé 6/8 mois.

Tu voulais que ce soit à Pigalle, en particulier ?

Je tenais à ce que notre premier bar, le Pile ou Face, ouvert il y a moins d’un an et demi, soit à Pigalle. On est pas mal sorti dans le quartier plus jeune, on connaissait bien. Il y avait déjà beaucoup de bars et de la concurrence, mais il y a toujours de la place : il faut être à la hauteur. L’ambiance a pris tout de suite, les gens s’amusent. On est un peu un bar à cocktails nouvelle génération : on fait des cocktails mais ça bouge, ce n’est pas posé comme les bars d’hôtels, la musique est forte, on danse.

Mon entourage n’a pas forcément compris pourquoi ni comment j’étais passé de responsable marketing à faire leur caipi.

On danse sur quoi ?

La musique est très importante : on passe de tout mais c’est important de passer de la vieille variété française, des « guilty pleasures », du France Gall, Françoise Hardy. C’est bête, mais souvent on se prend trop au sérieux sur la musique alors que les meilleurs soirées sont celles dans les apparts, où l’on se permet plein de trucs ! Et si les gens veulent du Rihanna, on donne du Rihanna ! Bon, c’est pas ma passion mais on veut que tout le monde se sente bien. On veut vraiment garder cet esprit sur le deuxième bar.

Où se situe le nouveau ?

Pour le deuxième, le Mini Pong, on a saisi une belle opportunité à Pigalle donc on est resté dans le même quartier. Si la table de ping pong rentrait, on s’est dit qu’on le faisait. On a acheté une planche en bois, il y avait de la place, donc on y est allé !

Aujourd’hui, je sais ce que je vends, je connais mes clients, je vois quand ils sont contents ou pas contents : ils me le disent.

Les deux bars sont des anciens bars à filles ?

Oui, le deuxième on aurait aimé arrêter ! Retaper un bar à filles c’est cool, mais forcément c’est un lieu fermé et un peu limité en terme d’ambiance, ça démarre assez tard le soir. Mais l’opportunité s’est présentée au bon moment et au bon prix ! Et le plus important c’est le feeling : « Est-ce que les proportions sont bonnes ? Est ce que je veux passer du temps ici avec les copains ? »

Entre le moment où je me suis dit que je me lançais et celui où j’ai trouvé le bar, il s’est passé 6/8 mois.

Aujourd’hui, il y a toujours des regards, les gens hésitent avant d’entrer. C’est une difficulté au début, mais ça devient une force ensuite. D’autant plus que pour le Pile ou Face, on a gardé les détails kitsch, les clignotants, le rouge, le velours, la moquette au mur, les paillettes au plafond. Ce sont des bars à taille humaine.

Vous avez fait beaucoup de travaux pour les deux bars ?

A chaque fois, on a gardé le bar existant, qui donne vraiment l’allure à l’endroit.

Au Mini Pong, on a poncé le bar, pour faire ressortir le joli bois. Dans la déco, on aime faire des mélanges, toujours avec des références un peu anciennes, du bois et des miroirs principalement, pas forcément dans le courant d’aujourd’hui. L’ambiance est assez retro : sans tomber dans le pub anglais, il y a un côté vestiaire de club anglais, un peu chic et boisé. Le but c’est que son allure plaise sur le long terme, que ce soit intemporel, pas éphémère.

Et si les gens veulent du Rihanna, on donne du Rihanna ! Bon, c’est pas ma passion mais on veut que tout le monde se sente bien.

Pourquoi le ping pong particulièrement ?

On jouait ado, il y avait toujours une table chez ma grand-mère, en Normandie. Mais ce n’est pas le sport en soi qui m’intéresse vraiment, c’est son aspect convivial.

Plus jeune, quand j’allais à Berlin, il y avait un bar qui s’appelait « Docteur Pong ». Le principe, c’était un bar, une table de ping pong. Le but avec Mini Pong Bar est donc vraiment d’avoir une seule table, pour faciliter les rencontres. On se retrouve à jouer à 20, forcément ça drague un peu. Ça change et c’est ça, un bar : c’est créer un prétexte pour rencontrer du monde. Je ramène mes potes de la musique, Cyril ramène ses potes photographes et journalistes, chacun ramène qui veut, on mixe des gens et on regarde ce que ça donne.

Le Mini Pong a un côté vestiaire de club anglais, un peu chic et boisé.

Que proposez-vous comme boissons ?

Nous proposons beaucoup de cocktails. Au Pile ou Face notre carte est plus fournie, car avec un premier bar il vaut mieux donner un maximum de choix. Au Mini Pong, la carte est plus réduite, mais de manière générale, on ne dépasse pas les 11 euros pour un cocktail. On veut proposer des cocktails de qualité, avec des produits bien frais, tout en restant honnête sur le prix. On peut gagner sa vie en étant honnête !

On a inventé le cocktail “Fanfan” (gin, thé, gingembre, citron) très délicat, doux, désaltérant. “L’absintonic” aussi, est un cocktail frais, anisé, simple. Et le “Prosper” a un goût de tarte tatin, avec du jus de pomme, des épices, du whisky.

Le pole dance, c’est la bonne surprise !

Créer des cocktails, c’est un changement de vie complet !

Oui ! Je l’ai fait avec l’accord de ma femme, ce n’était pas possible sinon. Ça la concerne beaucoup car j’étais derrière le bar du Pile ou Face à temps plein pendant 6 mois. Ça implique forcément des changements par rapport à ma vie d’avant, même si chez EMI je faisais beaucoup de concerts et terminais tard, quand tu as un bar tu es à trois heures chez toi. C’était dur au début. . .

Il faut s’habituer au rythme. . .

Oui je venais d’avoir un enfant, donc on a trouvé des compromis et c’est ça qui est important.

Tu as aimé être derrière le bar ?

Oui j’ai vite appris et je suis soigneux donc ça marchait, mais je suis un peu réservé alors qu’un barman doit toujours avoir envie de causer. Mais j’ai vraiment aimé et appris beaucoup de choses.

Je m’éclate vraiment, je prends du plaisir mon entourage me le dit : je suis souriant épanoui, plus fatigué qu’avant mais je suis content !

Tu as des anecdotes rigolotes ?

Le plus amusant au Pile ou Face, c’est le pole dance que nous avons gardé après avoir un peu hésité. On a fait le test et ça cartonné. Avant 23 heures, personne n’y touche, ou quelqu’un prend une photo et repart en rougissant. Plus la soirée avance, plus la barre est sollicitée : elle est sur une estrade qui fait 5 m2 et d’un coup il y a 20 personnes dessus. Le pole dance, c’est la bonne surprise !

Comment a réagi ton entourage ?

Tout le monde a une vision d’un bar bondé alors qu’il y a des soirs où il n’y a pas grand monde. Tu es tout seul derrière ton bar pendant 8 heures, au début tu finis forcément par te demander “Qu’est ce que je fais la ?” . J’avais un bon job j’étais bien payé, j’ai perdu toutes ces responsabilités pour me retrouver derrière ce bar.

Mon entourage n’a pas forcément compris pourquoi ni comment j’étais passé de responsable market à faire leur caipi. Mais je ne me voyais pas ouvrir un bar et ne pas rentrer dans le vif du sujet, savoir ce quoi il s’agit : c’est une étape obligatoire, ça fait partie du jeu !

Qu’est ce que tu aimes aujourd’hui dans ta nouvelle vie ?

Maintenant, j’ai plus de mal à comprendre les manières de faire de certaines grosses boites, leurs systèmes un peu obscurs, où tu fais du travail qui va dans le sens inverse de l’intérêt de ton projet car c’est dans l’intérêt de la boite…

Aujourd’hui, je m’éclate vraiment je prends du plaisir, mon entourage me le dit : je suis souriant, épanoui, plus fatigué qu’avant mais je suis content. Je retrouve l’idée de travailler sur un projet comme quand je travaillais sur des albums, pendant 6 mois ou un an, sauf qu’un bar, ça dure plus longtemps. C’est un projet à long terme.

Mini Pong - Julien (photo Cyril Marcilhacy)

Où trouver Julien ?

Mini Pong Bar                                                               Pile ou face   
64 rue Pigalle                                                                 4 rue de Douai
75009, Paris                                                                   75009, Paris
Ouvert tous les jours de 18h à 2h                                  Ouvert tous les jours de 18h à 2h

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