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Par Eva Le Saux - Le 17 juin 2015

Nous avons rencontré Jean-Matthieu Gautier, le fondateur d’Epic Stories, un nouveau média dédié au photojournalisme. À mi-chemin entre le magazine et le livret d’art, Epic Stories, en plus de valoriser les belles photos, met en avant et soutient les jeunes photoreporters.

 La photographie m’est tombée dessus un peu comme un piano ou une enclume dans un cartoon.

Peux-tu te présenter ? Quel est ton parcours ?

Je suis photojournaliste, éditeur photo pour une agence, et accessoirement fondateur d’Epic Stories. Après quelques années à faire des allers-retours entre la France et l’Asie du Sud-Est pour le magazine de l’ONG Enfants du Mékong, je me borne aujourd’hui à faire des allers-retours entre Paris et Saint-Malo – parce que l’air marin c’est bon, que la saison des huîtres est toujours de plus en plus longue et qu’emmener son enfant à la plage après l’école, c’est quand même le pied -, mais que Paris c’est beau aussi, si on y pense.

 

D’où vient ton amour pour la photographie ?

Franchement, je n’en ai aucune idée. La photographie m’est tombée dessus un peu comme un piano ou une enclume dans un cartoon. Depuis, je ne m’en défais pas. C’est une plaie qui me colle à la peau et que j’aime.

Nous faisons quelque chose de très simple : nous essayons de donner un maximum de place à la photographie.

Quel a été l’élément déclencheur pour lancer Epic Stories ?

L’envie de se faire plaisir, de publier des photos qu’on ne voit pas ailleurs, ou pas assez. La conscience aigüe que tout plein de photographes, de très bons photographes, gardent pour le cercle restreint de leurs sites internet personnels, des séries qui méritent d’être vues et lues par le plus de monde possible, faute de trouver des éditeurs.

 

En quoi ta revue se distingue-t-elle des magazines de photographie plus généraux ?

Nous faisons quelque chose de très simple : nous essayons de donner un maximum de place à la photographie. Chaque numéro d’Epic comporte trois reportages publiés sur 18 pages chacun. La plupart des revues publient sur moins que cela. Dans la forme, nous sommes sur un objet qui relève autant de la revue que du livre photo. Nous imprimons sur un papier relativement épais : 130g, qui permet de bien mettre en valeur les images.

Un autre point à souligner est que nous essayons autant que faire se peut de publier des photographes jeunes, peu connus pour la plupart, des photographes qui sont en plein essor !

 

Comment trouves-tu les reporters pour tes photoreportages ?

Sur les réseaux sociaux, à l’occasion des vernissages, expos et différents rendez-vous de la photographie à Paris ou ailleurs, par le biais du bouche-à-oreille . . . Et puis beaucoup de photographes viennent spontanément proposer leur travail.

Quel est ton critère pour sélectionner les photoreportages ?

C’est assez bateau, mais mon critère principal est le coup de coeur. Ensuite, je dirais qu’un bon photoreportage doit pouvoir présenter une parfaite adéquation entre le fond, c’est-à-dire le propos, et la forme : cadrage, chromie, etc . . . J’aime lire des histoires qui me surprennent et que je n’ai pas lues une dizaine de fois auparavant. C’est assez triste à dire, mais on voit beaucoup de sujets très répétitifs dans les propositions qui sont faites.

La plupart des textes sont rédigés par les photographes eux-mêmes. Nous proposons donc d’y intégrer une part de subjectivité qui relève de l’explication, du making of.

Le texte prend aussi une place importante dans ta revue. Penses-tu qu’il est nécessaire pour mieux apprécier ou comprendre une photographie ?

Henri Cartier Bresson résumait parfaitement cela : “certaines photos doivent se passer de légendes, peut-être juste une indication de lieu et de date. D’autres photographies doivent être situées dans leur contexte – parce que c’est là qu’il peut y avoir une tricherie. Je crois que la légende doit être quelque chose qui sert la photographie ou qui peut quelquefois être en contrepoint de celle-ci, mais tout ce qui n’entre pas dans l’appareil doit être inscrit.”Quoi dire de mieux ?

La plupart des textes sont rédigés par les photographes eux-mêmes. Nous proposons donc d’y intégrer une part de subjectivité qui relève de l’explication, du making of. Parfois cela crée des écrits très inspirés et très beaux.

Dédaigner les gros zooms, prendre des photos partout, tout le temps, avec un smartphone ou n’importe quel petit appareil que l’on a toujours sur soi.

Quel est le secret d’une belle photographie selon toi ?

La passion.

Fais-tu toi-même des photoreportages ?

Autant que possible. J’essaie de répondre aux commandes qui me sont faites tout en travaillant à des sujets personnels quand j’en ai le temps…

Quels conseils donnerais-tu à quelqu’un qui veut se lancer dans la photo ?

Je vais encore faire une réponse très très bateau : lire, lire, lire ! Lire les biographies des grands noms de la photographie, aller dans les expos, acheter des livres photo, s’occuper le moins possible de technique, mais d’avantage de ce qui permet d’affiner son regard. Dédaigner les gros zooms, prendre des photos partout, tout le temps, avec un smartphone ou n’importe quel petit appareil que l’on a toujours sur soi.

Tes futurs projets ?

Continuer à développer Epic bien sûr ! Et sur le plan personnel, je termine actuellement un sujet sur une équipe d’éboueurs que j’ai suivi dans leurs tournées pendant près de six mois. Il faut maintenant lui trouver une rédaction qui veuille bien le publier et le mettre en avant.

Un joli coin de France où tu aimes te ressourcer et prendre des photos ?

Saint-Malo, bien sûr !

© portrait : Corentin Fohlen

Retrouvez Epic Stories sur leur site 

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