Derrière Blandin & Delloye se cachent Charles Blandin et Cédric Fourny-Delloye, les jeunes couturiers avec lesquels nous avons collaboré pour lancer un costume 3 pièces “frenchy”. Cédric s’est confié sur leur chemin parcouru pour arriver dans le petit monde du costume sur-mesure et sur ce qui les anime dans leur métier !
Il nous a fallu plusieurs années pour véritablement entrer dans le milieu, on voulait vraiment faire les choses bien.
Quel a été votre parcours avant de créer Blandin & Delloye ?
On était tous les deux à l’ISTEC, puis Charles a fait un master à la Sorbonne spécialisé dans dans l’innovation et le management des technologies, et moi à l’ESC Rouen en Gestion de projet. On était tous les deux étudiants quand on a eu l’idée de monter cette entreprise, c’était pendant un voyage à l’étranger.
Quand nous étions en Asie, en bons fans de vêtements que nous sommes, nous avons acheté plusieurs costumes taillés spécialement pour nous. Charles a par la suite financé deux voyages en réalisant des confections pour nos amis. C’est lors d’une soirée au retour de son second voyage que Charles m’a proposé de faire de cette idée une vraie entreprise, et j’ai dit banco. On a longuement parlé des détails de ce projet et le lendemain, c’était en marche. Voilà un peu la genèse de l’idée !
Le parcours ensuite a été long (4 ans), on n’était pas du métier et on s’est rendu compte que la confection de ce genre de pièce était vraiment complexe et technique. Il nous a fallu plusieurs années pour véritablement entrer dans le milieu car on voulait vraiment faire les choses bien. C’est accompagnés de personnes installées dans la confection depuis plusieurs générations et qui nous ont pris sous leur aile, que nous avons pu commencer notre activité. Ils nous ont donné les ficelles et les contacts dont on avait besoin et en parallèle, on se découvrait une réelle passion pour le costume et la confection. Les “anciens” du milieu ont bien ressenti la sincérité de notre démarche et nous ont vraiment beaucoup aidé à concrétiser cette idée de potes d’école !
Qu’est-ce qui vous plait le plus dans ce métier ?
Tout simplement rendre élégant les hommes et partager avec eux une expérience unique. Chacun à notre niveau, nous sommes tous un peu dandy et nous aimons prendre soin de notre apparence. Là où ça devient sympa, c’est que c’est du sur-mesure et que les clients, quel que soit leur âge, redeviennent de vrais enfants quand il s’agit de créer et choisir les éléments de leur costume. Ils s’amusent vraiment et c’est agréable !
On veut travailler avec des matières haut de gamme, proposer une confection à la fois contemporaine et/ou traditionnelle pour un prix vraiment raisonnable.
Qu’est-ce qui va vous différencier des autres acteurs du marché?
Nous essayons de proposer le meilleur rapport qualité/prix possible tout en conservant un niveau de service et d’accueil premium. C’est la base de notre concept. On veut travailler avec des matières haut de gamme, proposer une confection à la fois contemporaine et/ou traditionnelle pour un prix vraiment raisonnable. À côté de ça, on propose un service adapté et efficace et c’est ce qui fait la réussite du projet.
Vous avez ouvert votre boutique directement ?
La boutique est ouverte depuis un an. Avant on était dans un lieu qui s’appelle Le Gymnase. Il y avait une pièce dans laquelle on pouvait stocker nos pièces, on transformait la salle de réunion en showroom quand il fallait, et on recevait les clients directement là-bas. C’était un peu de la débrouille, mais ça fonctionnait et cela nous a permis de nous lancer sans trop d’investissement.
Qu’est-ce qui vous stimule dans le métier d’entrepreneur ?
C’est surtout le fait qu’il y ait tout le temps de nouveaux challenges/projets et que nous consolidons chaque jour notre communauté de clients fidèles. Cela prouve que notre travail plaît et qu’il sert vraiment à quelque chose. C’est tellement sympa de se lever et se dire qu’on a créé quelque chose qui enthousiasme les gens et qui leur plaît. On aime beaucoup garder contact aussi avec nos clients, on passe quand même du temps avec eux et c’est toujours plaisant de les revoir ensuite ! Ils nous renvoient du positif et c’est top !
C’est aussi l’envie de mener toujours de nouveaux projets, on en a plusieurs en route, ce qui nous tourne vraiment vers l’avenir. Tous ces projets nous les voyons comme des marches qui nous permettent de monter toujours plus haut (certains seront peut-être même des ascenseurs) !
Il n’y a pas de choix bizarre ou mal orienté. Une personne vient, on va essayer de lui trouver l’orientation qu’elle veut, même si elle est complètement décalée.
Comment gérez-vous les demandes des clients dont les choix sont bizarres ou mal orientés ?
On part du principe qu’il n’y a pas de choix bizarre ou mal orienté. Lorsqu’une personne vient, on va essayer d’identifier ensemble l’orientation qu’elle souhaite donner à la confection, même si celle-ci est complètement décalée. L’essentiel est que la confection soit un ensemble cohérent pensé dans sa globalité et non pas un agrégat de détails décidés indépendamment.
Si la demande est très particulière on va juste remettre la personne dans le contexte pour lequel elle est venue pour lui rappeler qu’on s’éloigne un peu des conventions et qu’elle doit faire attention. C’est elle qui valide ou non, mais nous essayons d’être le plus cohérent possible en fonction des choix, du style de chaque personne et des quelques normes/règles de mode et d’accords de couleurs/motifs.
Avez-vous justement reçu une demande vraiment originale ?
Tous les jours ! Par exemple un couple nous a récemment demandé des gilets Marinière, à la Jean-Paul Gautier. D’autres nous on demandé des costumes qu’ils avaient vus dans des films, des trucs fous qu’il est parfois impossible de faire parce que le tissu n’existe plus !
Comment sélectionnez-vous vos matières d’ailleurs ?
La confection est un petit milieu, les drapiers qui font le tissage et la teinture du tissu dans le haut de gamme et le luxe en Europe sont les mêmes pour tout le monde. On les trouve principalement en Italie et en Angleterre. Nous travaillons avec la plupart d’entre eux (Vitale Barberis Canonico, Dormeuil, Loro Piana, Holland & Sherry, Ermenegildo Zegna,.).
Est-ce que des clients vous laissent quartier libre ? Préférez-vous une idée clairement définie ?
Ça nous arrive de temps en temps oui ! Une fois par exemple, nous étions en rupture sur un tissu, le client nous a dit de choisir à sa place et nous a fait entièrement confiance ! Ça nous met un peu la pression, surtout quand les goûts du client sont tranchés. Il peut nous arriver aussi que des clients n’aient pas vraiment le temps de réfléchir avec nous. Ils choisissent alors dans les grandes lignes le costume qu’ils souhaitent et nous font confiance pour compléter et terminer l’ensemble.
C’est plus simple lorsqu’un client vient avec une idée précise. Dans ce cas nous validons ensemble les caractéristiques qu’il souhaite pour valider ou modifier un élément ou deux ! Malgré tout nous préférons quand les clients n’ont pas encore une idée précise ou arrêté. Cela permet un échange riche en créativité et parfois on arrive même par élimination à identifier précisément les goûts du client.
Pour moi le Frenchy par excellence va porter un costume pour s’habiller le week-end avec une touche d’originalité
Selon toi, quel est le style frenchy par excellence ?
Il y a cette nouvelle tendance qui est de porter un costume en dehors du travail. Le côté frenchy ramène à des notions de mode et pour moi le Frenchy par excellence va porter un costume pour s’habiller le week-end avec une touche d’originalité. Il considère le costume comme un objet de mode et non plus un bleu de travail. On est très classique et sobre en France, pour moi le bon Frenchy est celui qui va casser un peu les codes en faisant ce genre de choses !
Un coin de France que vous aimez particulièrement ?
Charles préfère la Corse, pour des raisons familiales déjà, mais aussi pour la rando, la nature et les points de vue.
De mon côté j’aime vraiment beaucoup Paris, c’est la ville de tous les possibles malgré la caricature un peu négative du Parisien. On a aussi une caricature positive, le parisien sort et s’active, on rencontre vite beaucoup de monde et on découvre toujours de nouveaux endroits mêmes juste à côté de chez soi.
Si Blandin & Delloye était un fromage ?
Le comté ! Parce que c’est un classique, tendance et remis au goût du jour en fonction de la manière dont il est utilisé. Il peut être à la fois nouveau et vieilli, travaillé ou brut, et nécessite tout de même un savoir-faire.
Que vouliez-vous faire quand vous étiez petits ?
Je voulais être avocat ! Je voulais défendre ceux qui se faisaient avoir et j’aimais bien la robe noir ! Charles voulait être architecte, on s’y retrouve un peu quand on taille un vêtement du coup !
Lire notre article sur notre collaboration avec Blandin & Delloye