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Par Mathieu - Le 5 février 2016

Au vestiaire le combo short / chaussettes de l’illustre silhouette de son premier album By Your Side. Breakbot est de retour avec Still Waters et notez-le bien : 2016 signe le retour des Frenchies d’Ed Banger.

Histoire de se préparer à la déferlante, on est allé rencontrer Breakbot, alias Thibaut, et Irfane dans les locaux de Because Music. Entre deux croissants on a parlé nouvel album, Minimoys, coloriage et colins panés.

On a cette chance d’avoir cette scène soudée en France qui crée une certaine émulation et qui fait que chacun se stimule un peu en écoutant les albums des autres.Thibaut

Où avez-vous grandi, quel est votre parcours à chacun ?

Irfane : C’est un looOooseeer du 92. . .

Thibaut : Pas du tout ! J’ai grandi dans le 78. Dans la Vallée de Chevreuse. J’ai fait des études de graphisme / animation et appris à jouer du piano.

Irfane : Moi j’ai grandi à Strasbourg, d’une maman américaine et d’un papa d’origine afghane qui se sont rencontrés sur les terres strasbourgeoises. J’ai fait des études de commerce aux États-Unis avant de partir dans la musique qui a toujours été une passion. Je joue du violon et du saxophone.

Si vous n’aviez pas eu la musique, quels métiers auriez-vous fait ?

Irfane : J’aurais essayé de trouver quelque chose qui me passionne autant que la musique, ça aurait été difficile car c’est un des trucs qui me fait le plus vibrer donc je ne sais pas trop.

On est conscients d’avoir beaucoup de chance de faire ce qu’on fait.

Thibaut : J’aurais fait de la publicité je pense, ou du cinéma. J’avais déjà étudié le cinéma au lycée et ai enchainé sur des études d’animation où j’ai du faire un court-métrage qui a été plutôt bien accueilli en festival. Après ça j’ai eu l’opportunité de travailler dans des studios tels que Dreamworks ou Pixar sauf que j’ai choisi de travailler avec Luc Besson sur les Minimoys. On m’a ensuite proposé de réaliser deux-trois trucs donc j’aurais pu continuer là-dedans, mais j’ai décidé de me lancer à fond dans la musique.

Quelles-sont les autres personnes, que l’on voit moins, mais qui se cachent elles aussi derrière votre nouveau disque, Still Waters ?

Thibaut : Alors la nouveauté c’est qu’il y a deux femmes présentes sur le disque : Sarah Ydoux, la copine d’Irfane qui chante sur deux morceaux, et une chanteuse anglaise qu’on a rencontré à Hong-Kong qui s’appelle Yasmin et qui chante sur trois morceaux. Il y a notre pote Jim Grandcamp qui fait de la basse sur pas mal de morceaux et qui nous accompagne en live, et Nico Bogue, qui va nous accompagner aussi mais à la guitare.

Irfane : Le frère de Thibaut (David Berland) a un grand rôle aussi puisqu’il a non seulement ajouté des arrangements de violon et synthé, mais aussi mixé le disque. Il s’est aussi beaucoup impliqué dans le process créatif.

On se rend compte qu’il y a vraiment des gens intéressants à rencontrer sur cette terre !

Thibaut : Dans la structure, dans le son, il nous a beaucoup aidé à finir les morceaux en fait. On est arrivé chez lui à un stade où on avait toutes nos démos et il nous a aidé à terminer le disque.

Irfane : Sinon pour tout l’aspect visuel on a impliqué le photographe Philippe Jarrigeon avec son équipe. La copine de Thibaut s’est occupée de tout le stylisme, c’est un peu une affaire de famille en fait. Et surtout il y a eu Pedro (Winter), qui nous a beaucoup aidé, c’est avec lui qu’on a dialogué sur les phases de création du disque. Il nous a permis de choisir la bonne direction. Enfin tous nos amis aussi nous ont bien conseillé, comme ceux de Justice, on essaie vraiment de rester ouverts aux critiques.

C’est un peu comme ces dessins à points sur lesquels on tire des traits entre deux points. Au début c’est une sorte de constellation un peu abstraite et au fur et à mesure on définit un peu la chose.Irfane

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Parlez-nous un peu de votre processus créatif, comment imaginez-vous votre musique visuellement ?

Irfane : On se concentre d’abord sur la musique, on commence par les morceaux et après seulement, une fois qu’on a l’ambiance globale on essaie de la peaufiner, c’est l’ensemble des morceaux qui donne forme à un tableau. C’est un peu comme ces dessins à points sur lesquels on tire des traits entre deux points. Au début c’est une sorte de constellation un peu abstraite et au fur et à mesure on définit un peu la chose.

C’est un disque serein, assez calme, comme son nom l’indique : « Still Waters ».

Thibaut : Et une fois qu’on a tous nos points, on peut colorier, mais faut faire attention à pas trop dépasser parce qu’après quand on dépasse on se fait gronder.

Et niveau musique, ça donne quelle ambiance ce tableau à point ?

Thibaut : C’est une ambiance, dans l’ensemble, qui est assez apaisante. C’est un disque serein, assez calme, comme son nom l’indique : « Still Waters », mais qui cache aussi une certaine forme de mélancolie. On est tous des êtres à multiples facettes et ce disque nous ressemble. Il y a des moments ou on est très joyeux et d’autres, où on l’est moins. C’est bateau comme formulation, mais c’est ça.

Irfane : L’album est comme une boule à facettes disco…

Thibaut : …sur lequel il n’y aurait que 13 facettes…

Irfane : …une toute petite boule…

Thibaut : …une toute petite boule disco ouais.

Je pense que la French Touch n’a jamais vraiment quitté le devant de la scène.
Thibaut

Le précédent était sorti en chocolat, il y aura une autre surprise du genre ?

Thibaut : Ouais on est en train de travailler sur une version saumon, mais on galère un peu avec les ingénieurs pour enregistrer au labo.

Irfane : Le problème c’est qu’il faut qu’il soit congelé et on a peur que ça se décongèle vite. Du coup il ne sera en vente que chez Picard.

Thibaut : Et on espère avoir l’occasion de le faire sur du colin pané qui donne un très bon son apparemment. Mais il y a toujours des problèmes avec la cuisson et la conservation, on est en train d’en parler avec Because et Picard.

Still Waters, mais aussi l’arrivée de Para One, un album pour les Cassius et un 3ème pour les Justice. Qu’est-ce qui se trame du côté d’Ed Banger, c’est le retour officiel de la french touch ?

Irfane : C’est un peu un concours de circonstance, on ne s’est pas tous dit qu’on allait faire un album pour 2016.

Thibaut : Oui ça s’est fait comme ça de manière fortuite, et je pense que la French Touch n’a jamais vraiment quitté le devant de la scène. Il y a des vagues certes, ça dépend un peu de chacun… chacun va à son rythme. Parfois le haut de la vague se trouve sur plusieurs carrières en même temps.

Ces phases ont toutes beaucoup de choses en commun, mais sont aussi complètement le reflet des artistes qui la produisent.Irfane

Comme qui ?

Thibaut : Il y a eu pas mal de phases, on peut parler d’une première avec les Daft Punk, Etienne de Crécy, Cassius, toute cette école de 95-96. Après il y a eu une deuxième phase plus vers les années 2000, avec l’arrivée de Jackson, Mister Oizo, une french touch un peu plus expérimentale. Ils ont vachement inspiré la première vague Ed Banger commencée en 2003 avec Justice etc. Une nouvelle phase un peu plus violente, avec un peu plus de distortion, un côté un peu plus punk, rock et brut de décoffrage.

Irfane : Ces phases ont toutes beaucoup de choses en commun, mais sont aussi complètement le reflet des artistes qui la produisent. Quand les Justice jeunes écoutaient Slayer et Metallica, nous on écoutait du rap et de la funk…

Thibaut : Justice écoutait aussi du reggae.. enfin tout ça pour dire que la scène a toujours évolué et toujours avec des gens pertinents. On a cette chance d’avoir cette scène soudée en France qui crée une certaine émulation, et qui fait que chacun se stimule un peu en écoutant les albums des autres. On a vraiment cette chance en France par rapport à ça.

Irfane : Sinon pour ce qui est du creux de la vague, après il y a pas mal d’artistes français qui ont continué à porter le flambeau. Les mecs de Bromance, Boston Bun avec une approche un peu différente mais qui font toujours partie de cette scène.

Thibaut : Et tous ces artistes aussi, qu’on connait un peu mois, mais qui représentent aussi la France à leur manière. Des gens que tout le monde n’écoute pas et qui marchent très bien à l’étranger et dans les festivals.

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Un lieu, un pays insolite où vous avez joué et qui vous a marqué ?

Irfane : En lieu insolite on a fait un concert dans un domaine viticole en Nouvelle Zélande. On était dans dans un espèce de forum naturel créé par les flancs des montagnes et des collines.

On a toujours un petit pincement au coeur aussi quand on joue en Californie, la musique qu’on adore vient principalement de là-bas.

Thibaut : À Jakarta aussi, dans un parc d’attractions aquatique, transformé pour accueillir un festival. Le live était fou on avait dû remplacer le guitariste parce qu’il pleuvait des trombes d’eau, c’était mal isolé, il s’était pris une grosse pêche… électrocuté sur une barre en fer.

Irfane : Avec du recul, c’était une belle leçon ce concert quand on voit ce qu’on vit en ce moment. L’Indonésie est le plus grand pays musulman au monde et je pense qu’on doit ouvrir les yeux par rapport à ça, il y a quand même un public derrière la religion. Et pas n’importe lequel, un des plus enthousiaste et bienveillant qu’on ait eu. Tout le monde connaissait les paroles et les chantait c’était fou.

Thibaut : Le Japon sinon, c’est aussi une destination qui nous tient à coeur, on aime beaucoup la finesse de leur culture. C’est toujours agréable d’être accueilli là-bas. On a toujours un petit pincement au coeur aussi quand on joue en Californie, la musique qu’on adore vient principalement de là-bas. On est conscients d’avoir beaucoup de chance de faire ce qu’on fait. De voyager et rencontrer tout ces gens. Tellement de souvenirs… en Australie, Asie, Amérique du Sud, c’est une des raisons pour lesquelles on fait ce métier, rencontrer autant de gens différents qu’il y a de cultures. On se rend compte qu’il y a vraiment des gens intéressants à rencontrer sur cette terre.

J’avoue m’être découvert récemment une passion pour la Bretagne, je trouve vraiment que c’est un très très bel endroit.Thibaut

Un lieu en France où vous aimez vous planquer, vous reposer, passer des vacances ?

Irfane : La Corse, on a eu la chance d’y jouer et à Calvi et dans le sud autour de Porto-Vecchio. On est toujours bien accueillis par le public et les locaux donc c’est toujours un plaisir d’aller là-bas. On en profite pour caler des petites vacances, c’est un endroit magique, dépaysement total à 1h30 d’avion. Moi qui ai longtemps cru qu’il fallait faire 6-7h d’avion pour voir des paysages pareils. C’est aussi un bon reflet de notre musique parce qu’elle a souvent été labellisée comme solaire et estivale.

Thibaut : Sinon j’avoue m’être découvert récemment une passion pour la Bretagne, je trouve vraiment que c’est un très très bel endroit. J’ai ma copine qui vient du sud Finistère, je suis assez admiratif des paysages de là-bas.

Un artiste français à faire nous faire découvrir ?

Thibaut : Ce que fait Crayon de Partyfine le label de Yuksek, c’est franchement cool.

Irfane : Dabeull, qui s’inscrit dans côté très funky, encore plus 80’s que nous. J’aime beaucoup.

Merci les gars !

Pour patienter en attendant Still Waters c’est par par ici !