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Par Mathieu - Le 19 mars 2015

 

Rencontre avec Bastien et Clément, les deux fondateurs de Jimini’s qui mènent depuis deux ans une guerre sans merci aux paquets de cacahuètes. Leur mot d’ordre ? Ouvrir de nouvelles portes et faire du bien à notre planète ! Leur stratégie ? Élever des vers et des criquets pour envahir le marché. Pas bête !

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On rencontre énormément de personnes aux parcours et histoires incroyables avec qui on partage nos expériences heureuses et malheureuses, et on est surtout libre de réussir ou de se planter !

Pouvez-vous vous présenter ? De quelle région venez-vous ?

Bastien : Nous c’est Bastien et Clément, nous sommes Parisiens. Enfin dans le sens large du terme, puisque j’habitais à Paris avant de déménager à Evreux par amour pour Jimini’s, et Clément a fait tout le tour de l’Île de France en déménageant 7 fois ! On se connait depuis la petite enfance et on a des profils assez différents, mais complémentaires.

Clément : Bastien c’est le mec très carré qui aime les chiffres, les contrats et la gestion. À la suite de 5 ans d’études en droit privé, il décide qu’il se verrait bien entrepreneur, plutôt qu’avocat, ce qui témoigne d’une grande audace et d’un petit grain de folie. Moi c’est le contraire, j’ai fait une école de commerce, j’aime la com’, la vente et le marketing. Au cours d’un stage de fin d’études catastrophique, c’est le déclic : j’aspire à l’aventure, l’évasion, pas fiscale, et la liberté !

Nous avons retenu deux insectes seulement, oubliés les punaises d’eau géantes, les scarabées rhinocéros et autres insectes exotiques !

D’où proviennent vos insectes et comment sont-ils élevés ​et cuisinés ​?

Nous nous sommes vite rendu compte qu’il était impossible de se procurer des insectes comestibles élevés près de chez nous, dans des conditions claires et contrôlées. Ce n’était pas très rassurant, mais nous avons quand même tenté le coup en achetant nos insectes sur un site internet Thaïlandais. Quelques semaines plus tard, nous recevions un gros colis rempli d’une dizaine d’insectes différents tous plus effrayants les uns que les autres. Là c’était une vrai épreuve digne de Koh Lanta !

Nous avons alors commencé à faire des expériences avec les moyens du bord : quiche aux molitors, cupcakes aux criquets… et finalement c’est un ami cuisinier qui nous a mis sur la voie en nous proposant de les assaisonner afin de les faire croquer à l’apéritif. Devant le succès rencontré lors de nos premières tentatives d’apéros-insectes, nous avons décidé de créer Jimini’s.

Deux ans après cette première expérience, des mois de R&D et une campagne de crowdfunding, nous proposons aujourd’hui à nos clients une gamme d’insectes élevés exclusivement en Europe, dans des fermes spécialisées, nourris avec des farines végétales sans OGM, les insectes bios n’existent pas encore, mais on y travaille, et cuisinés en France. Nous avons créé un atelier de production en Haute Normandie où nous élaborons nos recettes et cuisinons nos insectes avec des épices naturelles, sans friture et avec beaucoup d’amour.

​Des insectes en boite, c’est plutôt difficile à mettre en valeur ! Quelle est votre approche marketing ?

Effectivement, on ne peut pas dire que les insectes fassent partie de notre patrimoine culinaire, c’est même une nourriture totalement inconnu chez nous . . .  Mais c’est là que réside tout l’intérêt et la valeur de notre travail : faire évoluer notre perception occidentale des insectes comestibles et dédramatiser ! Mais pour cela, il a fallu commencer par transformer l’image « d’aliment-du-futur-ultra-protéiné-qui-remplacera-votre-steak-haché-en-2050 » en quelque chose de plus accessible et proche des gens. Les français ne sont pas prêts à se nourrir d’insectes, par contre ils sont prêts à y goûter !

Nous avons retenu deux insectes seulement, oubliés les punaises d’eau géantes, les scarabées rhinocéros et autres insectes exotiques ! Des assaisonnements naturels et connus de nos palais, une production européenne et un atelier situé en France, un joli packaging et des produits déshydratés, donc croustillants comme des chips.

Côté communication 3 objectifs : rassurer, informer, faire découvrir le produit. Ainsi, nous organisons régulièrement des apéros Jimini’s, ouverts à tous dans des lieux sympas de Paris.

Jimini’s c’est un peu l’apéro avant la bataille, comme le poisson cru il y a 15 ans, il faudra des années avant que les Français acceptent pleinement le fait de manger des insectes.

Oui c’est un criquet que vous tenez dans la main, mais en y réfléchissant bien, on mange bien des crevettes qui sont un peu les criquets de la mer, ou des huîtres qui ne ressemblent pas à grand-chose d’appétissant !

Comment faites-vous pour convaincre les gens de tenter l’expérience ?

La plupart du temps ce n’est pas nous qui faisons le job, mais plutôt les personnes qui sont autour ! Il suffit qu’une personne se lance et montre aux autres que finalement c’est bon, et hop tout le monde veut goûter. Enfin ça marche lors des apéros qu’on organise et les dégustations en magasins. Le reste du temps, on compte sur notre joli packaging. Surtout, on dédramatise un maximum : oui c’est un criquet que vous tenez dans la main, mais en y réfléchissant bien, on mange bien des crevettes qui sont un peu les criquets de la mer, ou des huîtres qui ne ressemblent pas à grand-chose d’appétissant ! Le maître mot, c’est d’encourager la curiosité et l’intérêt, sans forcer les personnes qui ne sont pas encore prêtes.

Comment ces nouveaux venus sont-ils accueillis​ ?

Comme on peut se l’imaginer, l’accueil a été très différent d’un point de vente à l’autre. D’une manière générale nos insectes ont été plutôt bien accueillis, avec de la curiosité, des dégustations et un intérêt très prononcé des enseignes de la grande distribution que nous avons rencontré. Nous avons également rapidement su convaincre une centaine d’épiceries fines de tenter l’aventure, et à notre grande surprise, nous avons constaté que certains clients commandaient des quantités assez impressionnantes. Bien entendu il y a eu aussi des échecs, avec des prospects totalement fermés et opposés à ce genre de produits originaux, surtout dans les épiceries fines traditionnelles où le gérant ne s’imaginait pas vendre des criquets au milieu de ses rillettes et pâtés de foie gras !

Pour les sceptiques, ça passe mieux avec du vin ?

Tout passe mieux avec du vin ! Plus sérieusement, comme pour n’importe quel apéro, on vous invite à déguster vos criquets ou molitors accompagnés d’une petite bouteille de vin ou une bière blonde bien fraîche.

Des criquets, des molitors et après ?

Des grillons bien entendu ! Non c’était pas si évident, on prépare également notre gamme de gâteaux apéros à la farine d’insectes, et on travaille secrètement sur d’autres gourmandises.

Que préférez-vous dans le fait d’être entrepreneurs ?​

Tout ! Enfin mis à part quelques petits inconvénients, on est plutôt heureux ! On rencontre énormément de personnes aux parcours et histoires incroyables avec qui on partage nos expériences heureuses et malheureuses, et on est surtout libre de réussir ou de se planter ! C’est cette liberté, toute relative car nous sommes désormais 4 salariés, qui nous plait le plus.

 Le maître mot, c’est d’encourager la curiosité et l’intérêt, sans forcer les personnes qui ne sont pas encore prêtes.

Si vous étiez un fromage, lequel seriez-vous ?

Un bon Camembert bien fait, d’abord parce que c’est bon, et ensuite parce qu’on adore la Haute-Normandie, où se trouve notre atelier.

Une destination française que vous affectionnez tout particulièrement pour un apéro entre insectivores ?

Hummm, Miserey bien sûr ! C’est une petite bourgade de 567 habitants située en Haute Normandie justement, près d’Evreux. Entre deux barbecues au soleil, on peut y croquer quelques criquets sur l’herbe et profiter du calme qui y règne.

Merci Bastien et Clément !

Lire notre article sur Jimini’s.

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