Le métier de galeriste vu par l’une des Filles du Calvaire.
Interview de Charlotte Boudon, directrice de galerie aux Filles du Calvaire.
Cette année, Les Filles du Calvaire sont majeures. En 18 ans, la galerie a organisé des dizaines d’expositions dans son espace et des centaines hors les murs, accompagné de nombreux artistes et reçu des milliers de visiteurs. Que nous réserve cette galerie presque comme les autres qui a su se faire une place au soleil dans le Marais ? L’une des Filles du Calvaire, Charlotte Boudon, nous parle de ce qui fait la force de la galerie : une certaine vision du métier et des coups de cœur assumés. Bonne nouvelle, ça marche à tous les âges.
Comment sont nées les filles du calvaire ?
La galerie a été montée par Stéphane Magnan, industriel de profession et amateur & collectionneur d’art, et par la commissaire et historienne d’art Christine Ollier. C’est un lieu singulier, qui vit à la fois grâce au mécénat et aux bénéfices générés par les ventes et la diffusion d’œuvres. Nous sommes vraiment entre une galerie et un centre d’art.
Quelle est la mission de la galerie ?
En plus d’être un espace de présentation, la galerie est un outil qui soutient les artistes. Nous les aidons à monter des projets, nous participons financièrement à la production d’œuvres pour les expositions et nous accompagnons leur diffusion. Nous voulons être là à toutes les étapes de l’élaboration du projet.
Qu’est-ce qui fait un bon galeriste ?
Il me semble que la qualité essentielle pour être galeriste, c’est être curieux et attentif aux attentes de tous les interlocuteurs : les artistes, les collectionneurs, le public, les institutions publiques et privées. Et il faut être en alerte sur les nouveaux projets des jeunes artistes.
Galerie ou musée ?
C’est dans les galeries que l’on peut voir les travaux les plus récents des artistes, ceux qui viennent juste d’être menés. On n’y pense pas forcément comme des espaces d’exposition mais c’est aussi ce qu’elles sont.
Comment choisissez-vous les foires auxquelles vous participez ?
Nous sommes présents sur différentes foires : Paris Photo, Unseen, Art Genève, Art Paris… Une foire est un moment « concentré ». Il faut bien évaluer les coûts et la qualité de la foire qui est liée à sa fréquentation et à ses exposants. Un stand se conçoit de plus en plus comme un projet d’exposition collective. C’est un équilibre entre le budget, le lieu, les œuvres que l’on expose et les gens que l’on veut atteindre.
Votre foire préférée ?
Paris Photo. C’est presqu’affectif : nous y sommes depuis le début.
Que viennent chercher vos acheteurs ?
Parmi nos collectionneurs, il y a vraiment de tout : des gens qui découvrent des jeunes photographes et qui vont se lancer dans leur premier achat, des couples qui viennent avec des dimensions et un budget de photographie pour leur salon, des collectionneurs fidèles et passionnés… Quelle que soit leur envie, nous sommes très attentifs à la qualité de l’accueil et des informations que nous leur offrons.
Comment définiriez-vous votre ligne artistique ?
La galerie a été montée par un binôme, chacun respectant les choix de l’autre. On retrouve cette diversité dans notre sélection. Nous n’avons pas de parti-pris formel. Quel que soit le genre, l’objectif est de trouver et de défendre des écritures singulières, les meilleurs tenants de chacun des genres.
Notre sélection inclut de jeunes artistes dont on découvre le travail à l’occasion de foires ou de manifestations artistiques. A chaque déplacement à l’étranger, nous prévoyons des visites d’ateliers et d’expositions. Christine Ollier participe à des lectures de portfolios organisées par des festivals et des écoles. Mais nous exposons aussi bien sûr des artistes établis dont on aime et défend le travail depuis longtemps.
Quel est votre Top 3 des lieux d’art français ?
1 : J’admire beaucoup la programmation du Bal, un lieu dédié à la représentation du réel par l’image, à l’image comme document.
2 : La Maison Rouge a trouvé un bon équilibre entre les expositions monographiques et les expositions collectives en lien avec des collections privées.
3 : Le Festival d’Arles reste un moment où l’on peut voir des expositions de très bonne qualité et passer du temps avec les gens à l’initiative de ces expositions.
Propos recueillis par Agathe Giros.