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Par Capucine Michelet - Le 11 mai 2017

Les ruines contemporaines : une passion qui sort de l’ordinaire et qui a réunit le duo de photographes formé en 2012 par Yves Marchand et Romain Meffre. La Belgique, la Pologne, Les États-Unis : déjà quinze ans qu’ils baroudent en quête de bâtiments désaffectés. Les deux Frenchies voyagent partout dans le monde pour dénicher ces beautés à la décrépitude déjà bien avancée. On vous invite à flâner dans leur portfolio.

Un devoir de mémoire

Nous sommes depuis très jeunes fascinés par les ruines. Lorsque l’on commence à visiter, dans un mélange de peur et d’exaltation, on se prend très rapidement au jeu. Chaque ruine se pose comme un mystère : c’est donc une manière ludique et intéressante pour aborder notre société à travers une histoire alternative, une mémoire subconsciente en quelque sorte…, Yves Marchand et Romain Meffre

Le premier volet de leur collaboration est scellé par la sortie de l’ouvrage “Détroit, vestiges du rêve américain” qui leur a demandé pas moins de cinq ans de travail (de 2005 à 2010). Si Détroit connaît au début du XXe siècle une forte croissance grâce à l’industrie de l’automobile, le soufflé retombe très rapidement notamment à cause de la décentralisation des usines.

Petit à petit la ville est désertée, ce qui donne aujourd’hui au centre-ville des allures de ville fantôme. Ce sont ces visions grandioses et fantomatiques qui nous coupent le souffle : symbole de l’immensité d’une chute !

© Yves Marchand et Romain Meffre, The Ruins Of Detroit

En visitant des ruines, nous nous focalisons sur des édifices remarquables dont l’architecture incarne la psychologie d’une époque, d’un système, pour en observer les métamorphoses.

À partir de 2008, ils s’envolent pour le Japon. Située au large de l’île de Nagasaki, la mine de charbon Hashima est surnommée “Gunkanjima” (“vaisseau de guerre”).

Un îlot de six hectares dont la seule population dénombrée aujourd’hui se résume à soixante et onze immeubles fantômes, alors qu’elle a connu la plus forte densité de population jamais enregistrée sur la planète ! 

© Yves Marchand et Romain Meffre, Gunkanjima

Ils dédient également une partie de leurs travaux aux théâtres du nord des Etats-Unis. Toujours au début du XXe siècle, les grandes firmes du divertissement voient les choses en grand et missionnent les architectes de construire des salles qui en jettent ! A partir des années 60, les multiplexes et crises urbaines les rendent obsolètes. On essaye de donner à certains une seconde vie en les transformant en église, marché aux puces et même en salle de bingo ! Certains attendent d’être restaurés et d’autres restent tout simplement à l’abandon… perdant de leur superbe jour après jour.

© Yves Marchand et Romain Meffre, Theaters

Beaucoup de ces anciens “movie theaters” sont devenus  après leur fermeture des centres commerciaux, des entrepôts, des églises etc… donc des lieux qui ont encore une vie même si elle semble parfois assez éloignée de leur vocation première. Dans ce cas précis les gens sont évidemment plutôt des silhouettes qui témoignent d’une présence, que des personnages qui construisent de la narration dans la série.

Plus récemment, ils consacrent une exposition à leur série sur les espaces industriels et  illustrent l’ouvrage “Graffiti Général” en collaboration avec Karim Boukercha, qui a mené une étude sur le sujet et passé en revue plus de trente ans d’art urbain.

 “L’ascension” d’un gratte-ciel art déco, à l’abandon, d’une trentaine d’étages en plein downtown et la vue depuis le toit vers les autres ruines du centre-ville restera l’un de nos souvenirs les plus marquants.

La photographie à la chambre n’est pas morte !

Quand on vous dit photographie à la chambre, vous vous imaginez déjà au temps des moustaches retroussées et des jupons à froufrous ? Pas du tout ! Le grand photographe frenchy Raymond Depardon lui est toujours resté fidèle, notamment lorsqu’il a arpenté l’hexagone et tiré le portrait à la “France du milieu” dans les “zones faibles” comme il les appellent.

La jeune génération a repris la relève haut la main ! La technique de prise de vue à la chambre remonte quasiment aux premiers balbutiements de l’histoire de la photo.

La chambre permet permet de respecter ou parfois même d’accentuer l’impression de monumentalité des lieux que l’on visite. Le côté académique ordonné de nos cadrages vient ensuite en quelque sorte contrebalancer l’état de “hasard” que provoque la ruine.

Une photographie argentique qui prend son temps… On salut d’autant plus le talent du duo quand on sait la complexité de l’installation, le poids et le temps que requiert cette technique contrairement à de la photo numérique. Chapeau les artistes !

Retrouvez leurs actualités sur Polka Galerie et leur prochaine exposition à Photo London sur le stand Polka Galerie.  

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