Par Agathe Cordelle, fondatrice du mouvement The Automart, qui met la pensée artistique au cœur de la réflexion sur notre modèle économique et social, et de l’agence The Editorialist, spécialisée dans les contenus multimédias.
Et si l’art et la musique étaient la solution pour faire rayonner une région ? C’est en tout cas l’histoire de Baleapop, un festival sonore et plastique lancé en 2009 par quinze amis basques, le collectif Moï Moï. La bande trouvait qu’il n’y avait pas grand-chose de culturel à se mettre sous la dent dans la région. Comme on n’est jamais mieux servi que par soi-même, ils ont décidé d’organiser leur propre festival, se lançant courageusement à l’assaut des autorisations administratives et des 1001 formulaires exigés par la SACEM. Dès la première édition, ils ont conçu Baleapop comme un événement associatif organisé par des amis pour d’autres (futurs) amis. Tous les organisateurs du festival sont donc bénévoles. « Les premières années, raconte Jeanne Boulard, la directrice de Baleapop, on a monté de petits événements : des expositions, des ateliers pour enfants, des concerts… Quand on s’est senti à l’aise, on a lancé Baleapop. »
De la mairie de Bidart, ils ont reçu l’autorisation d’utiliser un espace public. La dernière édition a donc eu lieu à la Communale, une ancienne école primaire. Pour le reste, la dream team se débrouille. Sur un budget compris entre 50 000 et 60 000 euros, 10 000 sont amenés par des sponsors privée. Le solde vient de la vente des billets, du bar et de la restauration.
A l’origine de Moï Moï, il y a des artistes et des médiateurs culturels, mais pas que. Pendant Baleapop, c’est une expert-comptable et un topographe qui officient derrière le bar. Des programmateurs pour l’art plastique et la musique, un responsable des partenariats, un chargé du site internet et de communication et des scénographes complètent l’équipe.
Baleapop a un propos clair : mettre en avant la jeune scène créative. Le festival est très attaché à sa mission de défrichage. Les programmateurs sont toute l’année à la recherche de talents musicaux et plastiques sur le web, dans des concerts, des expositions et des écoles d’art. Et ils sont formels : les jeunes créatifs français sont dynamiques. « Les gens qui viennent sont agréablement surpris par la programmation. Ils découvrent chaque année de nouveaux talents. Et, en plus, on est au bord de la mer, il fait beau, et ils savent qu’ils vont bien boire et bien manger. On sert de la très bonne bière, à deux euros ; elle vient d’un producteur local. On essaie de faire en sorte que tout le monde y trouve son compte ». A voir le succès de la dernière édition, qui a attiré plus de 8000 personnes de toute la France, du Royaume-Uni et de l’Espagne et qui a bénéficié de retombées presse nationales, on se dit que c’est le cas.
Le secret de la réussite de Baleapop ? L’intégrité et la sincérité. « Dès que je prends une décision, explique Jeanne, je me demande si on reste dans nos objectifs de départ : un festival familial, que l’on n’organise pas du tout pour gagner de l’argent. On nous a proposé des partenariats avec des marques d’alcool, mais si on ouvre la porte à ça, qu’est-ce que ça dit sur notre histoire ? Ça n’a pas de sens. C’est important de toujours revenir au projet initial, et d’être cohérent.»
Si le collectif Moï Moï donne beaucoup à Baleapop, Baleapop le lui rend bien : l’équipe vient d’être sélectionnée pour organiser le festival PitchFork, qui se tient à la Villette, à Paris. Cette fois, pas de bénévolat. Et qu’est-ce qui leur a permis de faire la différence ? Baleapop.