Nous avons rencontré Marine Caron et Sarah Nerozzi-Banfi, auteurs du livre Echos d’une jeunesse engagée. Elles souhaitent avant tout réconcilier la jeunesse française et les politiques. Elles sont venues au showroom nous raconter pourquoi elles ont publié ce livre, qui va nous être bien utile en cette période électorale !
Soit on fait peur, soit on est dénigrées parce qu’on a que 26 ans. Mais si on est là aujourd’hui, c’est qu’il y a quand même des personnes du milieu qui nous ont fait confiance !
D’où venez-vous ?
Marine : Je m’appelle Marine Caron, j’ai 26 ans. J’ai fait des études de droit-sciences politiques, relations internationales, affaires publiques. Ce qui m’a permis de développer progressivement un intérêt pour la chose publique et une conscience politique. Je suis élue depuis mars 2015 au département de la Seine-Maritime, en charge de toutes les problématiques sur l’éducation, la jeunesse et le sport. Et professionnellement, je travaillais au Conseil Régional de Normandie jusqu’à fin janvier et j’ai décidé de faire un break pour réfléchir à ce que je souhaitais vraiment faire afin de prendre le temps de reconsidérer tout cela.
Sarah : Je suis Sarah Nerozzi-Banfi, j’ai fait du droit franco-espagnol, un master à la Sorbonne, à Sciences Po. Je suis allée très vite vers le secteur public et je travaille aujourd’hui au Conseil régional d’Ile-de-France. Je suis aussi conseillère municipale d’Herblay dans le Val d’Oise.
Vous étiez sensibles à la politique avant vos études ?
Marine : La première fois que je m’y suis vraiment intéressée, c’était en 2007 notamment pendant l’élection présidentielle. Le hasard a fait que je me suis un peu plongée dans les programmes des deux candidats principaux qui étaient à l’époque Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal, mais je n’avais pas la majorité donc je ne pouvais pas voter. C’était une curiosité intellectuelle.
Engagez-vous, peu importe où et comment, parce que s’engager c’est donner de son temps, de son énergie, et c’est défendre des projets qui nous sont chers.
Plus tard, ça m’a encore un peu titillé, donc j’ai fait un stage au Sénat et à l’issu de ce stage j’ai décidé de prendre ma carte car la sénatrice Catherine Morin-Desailly, avec qui je travaillais, portait des valeurs et un engagement sur le terrain qui me correspondaient. Je me suis forgée cet engagement politique de moi-même, c’est un cheminement personnel car personne dans ma famille n’était vraiment engagé en politique.
Sarah : C’est un cheminement personnel aussi, j’ai une famille non politisée. J’ai muri tout cela de manière personnelle et je me suis engagée en 2014 pendant les municipales.
Où vous êtes-vous rencontrées ?
En stage il y a trois ans, à la fondation pour l’innovation politique, le think tank dirigé par Dominique Reynié. On a pris l’habitude de beaucoup écrire ensemble et on a continué de le faire après le stage terminé !
Pourquoi ce livre ?
Marine : Avant d’écrire le livre, on écrivait déjà des tribunes, des coups de gueule, on réagissait par rapport à nos déceptions, nos convictions, en réponse à ce qui se passait dans la société. Quand on est jeune et qu’on est engagé, on fait souvent face aux mêmes reproches : manque d’expérience et de crédibilité. On avait envie de prouver que non, nous ne sommes pas que deux jeunes femmes engagées qui voulaient pousser un coup de gueule mais qu’on pouvait aller plus loin et faire plus surtout.
On est donc parti sur quelque chose avec beaucoup plus de fond, sur l’idée d’un livre. On a réfléchi à l’architecture que l’on voulait donner à ce livre, sur la référence à 2017, à l’élection présidentielle. On a donc travaillé sur 17 thématiques. Ce n’est pas exhaustif, on a pris 17 thématiques qui selon nous intéressent le plus les jeunes aujourd’hui. On s’est reparti les thématiques. Chacune faisait une première version, et ensuite l’autre relisait.
On a aussi défini le fait qu’on ne voulait pas faire ça qu’entre nous. On avait envie de mettre en avant les projets et la voix de plein de jeunes qui dans leurs domaines ont innové, monté une association, créé leur startup, voyagé. Ils ont tous eu carte blanche sur leur tribune.
C’est un appel aux leaders, on veut leur montrer que la jeunesse est là et qu’elle est prête à prendre la relève.
Sarah : Il y avait deux objectifs. Le premier, montrer qu’on était capable de faire quelque chose de concret, qu’on avait la capacité intellectuelle de proposer des choses et pas seulement de faire des constats et critiquer.
Le deuxième : on voulait mettre en lumière certains profils de jeunes qui y croient, qui s’investissent, qui sont motivés, malgré les conjonctures actuelles, qui entreprennent, qui innovent, qui s’engagent. La jeunesse française y croit !
Marine : Non les jeunes ne sont pas amorphes, ni négatifs, ni pessimistes. Ils sont là mais vous ne les voyez peut-être pas ! Ils sont prêts à s’engager davantage. C’est un appel aux leaders, on veut leur montrer que la jeunesse est là et qu’elle est prête à prendre la relève. Mais aussi dire aux jeunes : il y a encore de l’espoir, ne soyons pas résignés. Le destin, c’est chacun d’entre nous qui doit le prendre en main !
Quelques propositions vous tiennent particulièrement à coeur parmi les 17 ?
Sarah : Dans une premier temps, il faut re-crédibiliser nos politiques et tenter de redonner de l’espoir aux gens qui n’y croient plus trop. Il y a vraiment un gap entre la classe politique et notre génération.
Donc surtout le chapitre sur la vie publique et politique, sur l’exemplarité et la transparence, pour restaurer un lien de confiance. Car si on n’arrive pas à restaurer ce lien de confiance on ne pourra pas travailler sur toutes les autres problématiques qui touchent la société française. Davantage de transparence financière, aller plus loin dans l’interdiction de non cumul des mandats, dans le renouvellement inter-générationnel…
On est des femmes, on est assez jeunes, on part avec deux poids, heureusement qu’on a du caractère !
Marine : Si on arrive à être plus transparent, on redonne de la légitimité aux femmes et hommes politiques pour pouvoir prendre des mesures dans tous les autres domaines.
Que dites-vous aux personnes qui s’intéressent peu à la politique ?
Marine : Je rencontre souvent des jeunes collégiens qui n’ont pas forcément l’âge de voter. Il faut parler librement. Quand on dit à des jeunes de 15, 16, 17 ans qu’ils vont rencontrer un politique, ils s’attendent à voir un vieux, cheveux blancs, petit ventre… Alors quand ils voient un profil différent, ils sont étonnés. Ça attise leur curiosité, c’est beaucoup plus facile d’engager le dialogue avec eux.
Je ne leur dirai jamais “engagez-vous en politique, allez militer”. Le message principal, c’est “engagez-vous de manière générale dans la vie de la cité” : engagez-vous dans un club sportif, dans une association, allez voter. Et le fait de s’engager, de prendre part à cette vie de la cité ça pourra déclencher chez eux cette envie de s’engager politiquement.
Il faut re-crédibiliser nos politiques et tenter de redonner de l’espoir aux gens qui n’y croient plus trop.
L’engagement, c’est un moteur, ça donne un sens à la vie, à toute une palette de sensibilités et permet de déclencher d’autres choses. Engagez-vous, peu importe où et comment, parce que s’engager c’est donner de son temps, de son énergie, et c’est défendre des projets qui nous sont chers. Même professionnellement : trouvez-vous quelque chose qui vous corresponde, montez votre boite, travaillez pour quelque chose que vous aimez..
C’est un âge où il faut être présent et leur fait passer ce message !
Que pouvez-vous nous dire sur la jeunesse française ?
Marine : On a plein de potentiel, on est un des pays qui innove le plus. Mais je pense que la jeunesse française est bridée, c’est dommage. Les Petits Frenchies en est l’exemple : on a déja plein de projets typiquement français mais on pourrait en avoir beaucoup plus ! Les gens n’osent pas trop encore.
Elle est de moins en moins bridée non ?
Il y a eu un sursaut, un élan, avec Charlie hebdo, les attentats… mais on la bride quand même beaucoup, elle se bride elle-même aussi. Il y a aussi des ainés qui mettent les limites et qui ne font pas confiance.
Vous sentez-vous incomprises par nos ainés ?
Sarah : Non pas incomprises. Si on est là aujourd’hui, c’est qu’il y a des personnes du milieu qui nous ont fait confiance. Il y a des gens sur qui on peut compter !
Sinon, c’est vrai que c’est quand même une lutte tous les jours. On est des femmes, on est assez jeunes, on part avec deux poids, heureusement qu’on a du caractère !
Marine : Soit c’est trop d’expérience, soit c’est trop d’ambition. Soit on fait peur, soit on est dénigrées car on n’a que 26 ans. Mais le fait d’être une femme et d’être jeune s’est transformé en force. Une autre personne dans notre situation qui aurait moins tendance à s’imposer aurait moins de facilité à vivre dans ce milieu politique qui n’est pas facile tous les jours.
Où peut-on acheter votre livre ?
Sur note site. On l’a auto-édité, c’est-à-dire qu’il n’y a pas de maison d’édition. On a tout géré et travaillé avec une boite de communication “Neway Partners” qui a fait en mécénat toute la mise en page.
Et comment l’avez-vous financé ?
Sur nos deniers personnels !
Merci à Marine et Sarah pour leur énergie !
Echos d’une jeunesse engagée
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